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Transparence publique : faisons-nous les efforts qu’il faut ?

Il y a quelques années, j’étais convié à un séminaire organisé par le ministère de la Justice avec l’appui de certains partenaires sur la bonne gouvernance et la façon dont les organisations de la société civile pouvaient en faire le suivi. A cette occasion, j’ai fait la connaissance de Madame Léonie Kandolo, une femme exceptionnelle, une activiste pro-démocratie. Je me rappelle qu’elle avait dû vivre en clandestinité avec d’autres membres du Comité laïc de coordination (CALCC).

Le premier constat dans cet apprentissage était que les administrations des différents ministères établissent des prévisions budgétaires qu’elles envoient au ministère du Budget qui à son tour, les communique au Premier ministre en vue d’être adopté au Parlement.

80% du budget pour fêter le 08 mars !

Notre rôle était de voir, dans ces chiffres disponibles en ligne, si certaines rubriques justifiaient les fonds qui y étaient inscrits. Je me souviens d’une activiste irritée par le fait que 80% du budget du ministère du Genre était consacré à l’impression des pagnes pour la journée du 8 mars pour les droits des femmes. Plus loin, un autre faisait remarquer que la réhabilitation de trois écoles à plusieurs millions de dollars dans une province du pays semblait louche. À l’issue de cet exercice, nous avons pu déceler un grand nombre d’anomalies pour lesquelles nous avons recherché de la documentation pour vérifier si nos soupçons étaient fondés car il y avait des risques de corruption dans l’élaboration du budget.

Au bout de cet exercice, il nous a été possible non seulement de vérifier les rubriques budgétaires du budget de l’Etat, mais aussi de déceler les dépenses superflues ou celles susceptibles de constituer un risque d’enrichissement illicite et de mettre en place des stratégies de plaidoyer pour demander des comptes. Des années plus tard, je me demande si toutes les organisations de la société civile procèdent de la sorte.

Une prime de 20 dollars pour les militaires, quelle honte !

L’affaire de la prime des soldats engagés au front en est un exemple. Plusieurs voix s’étaient élevées pour fustiger le fait que les militaires touchaient l’équivalent de 20$ de primes, selon les révélations d’un journaliste d’investigation. Ce qui m’étonne est que lors de l’élaboration du budget, personne de ceux qui appelaient au renforcement des capacités des FARDC dans cette zone n’a remarqué cette anomalie dans le projet de budget ni plaidée pour que cela soit revu à la hausse. Si nos soldats touchent une prime aussi maigre, c’est parce que le Parlement l’a approuvé et que la société civile ne l’a pas épinglé.

L’autre cas est celui de l’affaire du billet collector pour célébrer l’an 1 de l’alternance en RDC. Un projet contre lequel de nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer une dépense de trop, alors que les conditions sociales de la population ne cessent de se détériorer. Mais si cette dépense était prévue au budget du ministère concerné, en quoi cela est une dépense de trop, puisque cela a été budgétisé et approuvé ?

Autant les Congolais sont très regardants sur l’opportunité ou non d’une dépense et de son coût, autant ils devraient l’être sur les prévisions budgétaires du gouvernement central et provincial pour garantir la transparence publique.

 

*Cet article est écrit avec l’appui technique d’Internews, grâce au financement de la coopération suédoise, l’USAID et la coopération suisse.  Les opinions partagées dans cet article ne reflètent pas nécessairement les vues de l’Agence suédoise de développement international (ASDI), de l’USAID, du gouvernement suédois et du gouvernement des États-Unis.

 

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