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Et si on arrêtait cette éducation à la haine tribale qui déchire Katangais et Kasaïens ?

Les dernières élections en République démocratique du Congo ont réveillé le tribalisme et la haine entre les ethnies, surtout dans l’espace Katanga. Par exemple, vivre ensemble est devenu un casse-tête entre Luba du Kasaï et ceux du Katanga. Des politiciens en mal de positionnement agitent l’argument tribal et séparatiste, pour semer le chaos dans le pays.

Il y a entre Katangais et Kasaïens une sorte d’éducation à la haine tribale qui s’enracine. Je suis étonné que ce soit un conflit qui oppose et déchire deux tribus sœurs et descendantes d’un même ancêtre.

Au Congo, le tribalisme a déjà fait beaucoup de ravages entre différents peuples. Telle une gangrène, la haine tribale s’est ancrée dans tous les secteurs de la vie. Dans le monde de l’emploi, à l’église et même pour un simple contrat de bail, on pense avant tout tribu. On désigne son compatriote par sa tribu et avec mépris.

Il n’est pas rare ici au Katanga d’entendre quelqu’un dire par exemple : « Dis donc ! Tu étais avec Eric, le Kasaïen ? » Ou encore : « Cet imbécile-là est de quelle tribu ? »

Pour se camoufler, certains Kasaïens, ici au Katanga, n’hésitent pas à changer carrément leurs noms.  « Là où je travaille, on m’a engagé parce que je porte le nom d’un ami à mon père qui, lui, était Sanga », a avoué un jeune Luba du Kasaï, qui travaille dans les bâtiments, à Kolwezi dans le Lualaba.

Personnellement, la dernière fois où j’ai été en mission à Kolwezi, ce sont des amis avec qui j’ai partagé un bon moment autour d’un verre, qui me l’ont dit : « Ici, tu n’as pas de place tant que tu portes ce nom-là [Faisant référence à mon nom à consonance luba du Kasaï] ! » Ils pensaient que j’étais là pour chercher un emploi, alors que j’étais juste en mission comme consultant pour une ONG internationale.

Quand le ou la fiancé(e) est d’une autre tribu !

A ce moment-là, l’équation devient compliquée pour les jeunes tourtereaux. Comment parler à ses parents de la personne que l’on veut épouser quand celle-ci est d’une tribu qu’on déteste ? Comment un jeune Kasaïen fait pour convaincre sa famille qu’il ne conçoit sa vie qu’aux côtés d’une jeune Katangaise et vice-versa ? Si cela peut paraitre anodin pour d’autres tribus au Congo, croyez-moi, si l’on est Luba du Kasaï ou du Katanga, ce n’est pas la même chose !

On comprend alors la place qu’occupe malheureusement la haine tribale dans la vie des jeunes issus de ces deux ethnies. La résistance familiale à laquelle les deux amoureux feront face, sera telle que si leur amour n’est pas solide, ils finiront par se séparer.

Il est important aujourd’hui de rappeler aux Luba du Kasaï comme à ceux du Katanga, que le pays a besoin de l’unité de tout son peuple dans sa diversité ethnique. Cette unité passe par une éducation à la culture du vivre-ensemble et de la cohabitation pacifique.

 

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