La toile congolaise a cette particularité de s’attarder sur des détails souvent inutiles. Cette fois c’est le prompteur. Il fallait voir la virulence des commentaires des internautes. Le président Tshisekedi a passé 1h 20 sans lire de papiers, le regard concentré sur la foule. De quoi alimenter aussi bien les louanges que les critiques.
Techniquement, c’était un discours sans papiers, grâce au prompteur. Un dispositif placé devant le pupitre et qui permet de faire défiler des écrits pour éviter à plonger fréquemment son regard sur des notes. Pour un correspondant de RFI, cet exercice qui avait bien commencé a fini par fatiguer le président, voire à le déconcentrer vers la fin. Pour un autre journaliste proche de l’opposition, l’exercice n’avait rien d’extraordinaire.
Un de mes collègues a même eu droit à ceci comme réponse : « Quand un Kalonji parle ça donne ça ! »
Lorsqu’on vit au pays de la sape, on se rend compte que l’apparence prime sur le contenu. Apprendre que l’Australie, treizième économie mondiale a exprimé le souhait d’ouvrir ici ce qui serait sa 15e représentation diplomatique sur le continent, cela ne semble avoir intéressé personne. On préfère s’entredéchirer au sujet du prompteur.
D’autres passent leur temps sur les réseaux sociaux à entretenir une campagne de dénigrement de l’armée, la seule que nous ayons.
Pour moi, j’ai retenu quelques points du discours du chef de l’État. Par exemple, Kinshasa compte 2 100 kuluna en moins (dont 2 de mon quartier). Il y a aussi les 14 gouverneurs destitués par les Assemblées provinciales. Comment bâtir quelque chose de solide dans nos provinces dans ces conditions ? Plusieurs internautes ont même plaidé pour la suppression des Assemblées provinciales considérées comme budgétivores et sources de conflits.
Je vois mal nos provinces se développer au rythme des conflits interminables entre les Assemblées et les gouvernorats. Nous avons perdu beaucoup de temps dans des procès en destitution/réhabilitation des gouverneurs devant les cours et tribunaux.
Tshisekedi a semblé indiquer qu’une grande partie des actions à mener était du ressort du gouvernement dont il a fustigé un certain laisser-aller. De quoi faire dire à la journaliste Rachel Kisita que ce discours présageait un remaniement.