Ces dernières semaines, l’ancien gouverneur du Kasaï-Oriental, Alphonse Ngoyi Kasanji, multiplie des propos assez durs vis-à-vis du régime de Félix Tshisekedi. Il critique l’idée de la révision constitutionnelle, mais aussi certains travaux d’infrastructures à Mbujimayi. Si bien que d’aucuns se demandent s’il n’est pas sur le point de claquer la porte de l’Union sacrée.
Quant à moi, je ne peux que saluer sa liberté d’expression retrouvée. D’habitude, Ngokas comme on l’appelle, n’hésite jamais à dire tout haut ce qu’il pense. Seulement voilà, jusqu’à il y a quelques mois, il s’affichait comme un bon élève de la majorité au pouvoir. Aux élections de 2023, il a brandi son soutien indéfectible à Félix Tshisekedi pour se faire réélire député, puis sénateur à Mbujimayi. Il savait que ce n’aurait pas été facile s’il venait en un autre nom.
2028 dans le viseur ?
Aujourd’hui, ses deux mandats parlementaires en poche, le langage de Ngokas change peu à peu. Et c’est un jeu qu’il sait très bien jouer. Sans doute que 2028 résonne déjà dans sa tête. Dans ces récents propos partagés sur les réseaux sociaux, il critique ouvertement l’idée de la révision constitutionnelle, la jugeant inopportune. Pourtant, pendant qu’il était gouverneur du Kasaï-Oriental, on se rappelle qu’il était resté silencieux lorsque le PPRD et la majorité de l’époque envisageaient un changement de la même Constitution pour permettre à Joseph Kabila de s’octroyer un troisième mandat.
Pour ceux qui ne le connaissent pas, Ngoyi Kasanji est un fin politicien. Il suit la direction du vent et de ses intérêts. On se souvient qu’il a ses propres partis politiques, mais n’a adhéré au PPRD de Joseph Kabila que parce qu’il craignait de perdre son poste de gouverneur de province. Et quand Kabila a quitté le pouvoir, Ngokas a fini lui aussi par quitter le FCC pour rejoindre l’Union sacrée de Félix Tshisekedi.
Aujourd’hui, Ngoyi Kasanji libère à nouveau sa langue, alors qu’il l’avait fermée ces deux dernières années, le temps de se faire réélire, grâce à l’aura de Fatshi. On peut clairement comprendre qu’il mise déjà sur les élections de 2028. Et c’est son droit légitime.