À peine Félix Tshisekedi réélu pour un second mandat, voilà que l’on parle déjà de modifier la Constitution. Cette idée suscite des suspicions légitimes, car dans bien des pays, ces manœuvres servent souvent à prolonger la durée au pouvoir des dirigeants. En RDC, ce débat est particulièrement sensible, parce que toucher à la Constitution pourrait avoir de lourdes conséquences sur la stabilité du pays.
L’actuelle Constitution a été adoptée après les accords de Sun City qui ont sanctionné la fin des multiples rébellions qui avaient divisé le pays. Modifier la Constitution n’est jamais anodin, même lorsque cela survient en début de mandat. Dans bien des cas, les modifications visent à maintenir longtemps le président en fonction. En RDC, la méfiance est de mise. Les exemples d’autres pays africains où les Constitutions ont été modifiées pour servir des intérêts personnels sont nombreux.
Des réformes nécessaires, mais pas à n’importe quel prix
Cela dit, certains aspects de la Constitution mériteraient d’être revus. Par exemple, les Parlements provinciaux et le Sénat sont souvent perçus comme des institutions inefficaces, coûteuses, et qui devraient être supprimées sans nuire à la gouvernance du pays. De même, la question des binationaux, que la Constitution actuelle ne reconnaît pas, devrait être abordée. Ces ajustements peuvent être pertinents, à condition qu’ils ne servent pas de prétexte pour altérer les fondements démocratiques de la nation.
Des priorités ailleurs
Le vrai problème, c’est que ces débats sur la Constitution détournent l’attention des urgences sociales du pays. Les Congolais attendent des réponses concrètes à des problèmes bien plus pressants : les routes délabrées, l’accès à l’eau potable, l’électricité, l’éducation… Autant de défis que le gouvernement peut résoudre sans avoir à toucher à la Constitution. Alors, pourquoi ne pas concentrer les efforts sur ces priorités au lieu de réécrire les règles du jeu politique ?
En définitive, toute modification de la Constitution doit être justifiée par l’intérêt général, et non par des ambitions politiques égoïstes déguisées.