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[Poème] Elle

Il s’agit d’un titre qui revient sur les droits des femmes, sur la capacité et la place essentielle qu’a la femme dans notre société. Il parle aussi de la femme de la partie Est du Congo. Particulièrement celle qui connait depuis longtemps un traitement inhumain et dégradant.

Elle

Sexe faible, être inférieur,

Source de tout malheur sur terre :

Ces insultes fendent le cœur

Ma plume ne sait plus se taire.

 

Sexe faible ? Dites pourquoi ?

Prouvez-nous donc cette hérésie.

Dites-nous selon quelle loi

La faiblesse porte la vie.

 

Sexe faible qui dans neuf mois

Nourrit l’humain avant de naître,

Marche sur la voie de la croix

Jusqu’à renier le bien-être.

 

Elle vomit, crache partout

Subit le plus vil des supplices

De la vie, elle perd le goût

Qu’elle crache sur ses délices.

 

Elle se donne ! Pensez-vous

Qu’un être faible en sacrifice

Peut s’offrir, souffrir. Dites-nous,

Vos insultes quel fil les tisse ?

 

Chez moi,

Elle voit fouler ses droits

On doit

Tous faire entendre sa voix

 

Comme vous, dotée de cerveau,

Elle est humaine, intelligente :

Elle réfléchit. Sous sa peau

Se cache une âme rayonnante ;

 

Elle peut donc bien travailler,

Devenir brillante à l’école,

Tout affronter, tout essayer

A décrocher une auréole.

 

Jadis négligée, aujourd’hui

Elle a lutté, repris conscience

Qu’on l’a vue luire dans la nuit

Comme une étoile d’espérance.

 

Elle vit sa révolution,

Elle monte des paliers, tente

De devenir la Solution

Et devient même Présidente.

 

La Tanzanie, le Libéria

Et d’autres nations du monde

L’ont vue au sommet de l’Etat

Et de l’art : Je vois la Joconde.

 

Omukali ni Mughole, Mwanamke ni Malkia. traduction : la femme est une reine

 

Mais, quand je pense à ce que vit

La femme de chez moi, J’ai honte.

Je suis du Kivu, de Beni ;

L’Enfer des droits. Rien n’y remonte.

 

Le genre humain se meurt ici.

Violentée et martyrisée

Par l’homme et par la femme aussi,

La femme est la risée,

 

Elle est la fleur de l’impudeur,

La souillure de toute épave,

La princesse du déshonneur ;

Elle est la ménagère esclave.

 

Toutes ces insécurités

L’ont souillée jusqu’au fond de l’âme,

Elle est loin de vos acuités

Et tout a quitté cette femme.

 

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