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Insécurité à Minembwe : on fait semblant d’ignorer ce qui se passe

Depuis plusieurs années, des tensions communautaires opposent les Banyamulenge aux Babembe, Banyindu, Bafuliiru et Bavira, autour de la commune de Minembwe, dans le Sud-Kivu. La pomme de discorde c’est l’occupation des terres. Les Banyamulenge sont accusés par les autres communautés d’être non-originaires et rwandophones.

Les Banyamulenge sont ainsi soupçonnés de vouloir dominer les « originaires » en accaparant leurs terres à l’échelle d’une commune appelée Minembwe. De leur côté, les Banyamulenge considèrent que le débat de nationalité est dépassé. Ils appellent à la tolérance et à l’acceptation mutuelle.

Attaques entre communautés autour de Minembwe

Face à l’incapacité de l’Etat congolais à restaurer la paix et la sécurité dans cette partie du Sud-Kivu, des groupes armés à caractère tribal se sont créés. Gumino et Twirwaneho pour les Banyamulenge, et différents groupes Mai-Mai pour les autres communautés.

Depuis le début de cette année 2019, les affrontements entre ces groupes armés ont occasionné la mort de plusieurs dizaines de personnes parmi lesquelles certains chefs coutumiers. En plus, des centaines de villages ont été incendiés de part et d’autre, lors de différentes provocations.

Se battre à Minembwe et se cacher dans la brousse

Comme on peut le constater à Minembwe, des milliers de familles sont victimes de ces conflits interminables. Elles se voient souvent obligées de vivre dans les brousses, exposées à toutes les intempéries, la nuit comme le jour.

Ce qui m’a frappé davantage, c’est de constater que, curieusement lors de leur fuite, les membres de ces communautés se réfugient au même endroit. Quand un enfant Munyamulenge tombe malade et manque de médicaments ou de nourriture dans la forêt ou dans le village de déplacement, c’est la même situation qui frappe un enfant Mubembe ou un Munyindu, un Mufuliiru et un Muvira.

En plus, la nouvelle année scolaire a débuté depuis le 2 septembre. Plusieurs enfants de toutes ces communautés ne sont jamais allés à l’école, suite à l’insécurité dans la zone. Les femmes enceintes accouchent parfois en pleine brousse, où elles sont exposées ainsi que leurs bébés, à la mort après l’accouchement par manque des soins appropriés.

Ce que je ne parviens pas à comprendre, c’est quand je constate que les gens se battent au village pour ensuite l’abandonner et aller tous se cacher dans la brousse ou dans la forêt. Ça sert finalement à quoi, et à qui profite finalement cette situation ? Pourquoi ne pas chercher un terrain d’entente, enterrer la hache de guerre et faire la paix ? Tout le monde profiterait alors de Minembwe.

Les forces de sécurité investissent le lieu

Depuis plusieurs jours, les forces armées de la RDC tentent de restaurer le calme dans ce coin du territoire de Fizi. Mais, pourquoi la paix n’y revient-elle pas toujours ? Des séries de dialogues ont été organisés, par ailleurs, et des recommandations faites pour pacifier cette zone. Tout comme d’ailleurs tout le sud de la province du Sud-Kivu et même jusque dans le nord de l’ancien Katanga.

Mais quelques temps seulement après les assises, la situation s’est progressivement détériorée. Au vu des vies humaines qui se perdent, des centaines des villages qui sont incendiés à longueur des journées et du nombre des sans-abris, je me demande si quelqu’un dira un jour qu’il n’était pas informé de ce qui se passe à Minembwe.

 

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