On n’exhibe pas les billets de banque comme vous le faites. Surtout quand ce sont des dollars américains. Faites attention, vous prenez des risques. Soyez discret, car vous ne savez pas qui vous regarde.
L’argent c’est réellement la racine de tous les maux. La plupart des conflits individuels entre les hommes, si ce n’est pas autour d’une femme, c’est autour de l’argent. Alors, sachons gérer nos petits moyens. Sous d’autres cieux, la place de l’argent c’est à la banque. Chez nous c’est différent : on trimbale des masses de billets de dollars ou de francs congolais dans un sac. À Mbujimayi, on les expose avec soi en publicité de diamant à la télévision.
Attention aux attaques des bandits
En République démocratique du Congo, nous sommes en général très pauvres. À part le chef de l’Etat, les ministres, les membres de leurs cabinets, les parlementaires et les dirigeants d’entreprises, tout le reste est constitué de gens mal payés. Ainsi, ce n’est pas bon d’exhiber des billets de banque devant des gens qui en ont grandement besoin. Ça peut vous valoir des visites nocturnes indésirables.
N’avez-vous jamais remarqué certains regards suspects quand vous prenez un verre dans un bar, ou quand les recettes de votre petite boutique sont un peu abondantes ? Quelqu’un vous surveille quelque part. Pareil quand vous retirez votre salaire du mois, petit soit-il.
Depuis la bancarisation de la paie de plusieurs services de l’Etat en RDC, policiers, militaires, fonctionnaires, enseignants et autres touchent leurs salaires à la banque. Mais ils y vont souvent en masse et le même jour, si bien que les guichets sont noirs de monde et qu’il n’y a pas de place où mettre le pied. Les gens retirent ainsi leurs salaires au vu et au su de la foule. Mais on ne sait pas de qui cette foule est constituée. Certains parmi elle sont des malfaiteurs. Ils pourraient vous visiter la nuit.
Donne l’argent, on t’a payé aujourd’hui !
À Mbujimayi, un chef de division raconte ce qui lui est arrivé un jour après qu’il venait de retirer son salaire à la banque. « Dès qu’on m’a remis mon salaire, j’ai remarqué que deux hommes me regardaient bizarrement. L’un d’eux avaient des yeux tout rouges comme ceux qui fument du chanvre. Néanmoins, je suis rentré chez-moi sans rien soupçonner de grave. Mais la nuit vers 23 heures, des gens frappent violemment à ma porte en disant : “ Ouvre vite et donne l’argent. On t’a payé aujourd’hui !” »
Eh oui ! Ces inconnus savaient qu’il venait d’être payé. Ils lui ont donné même le nom exact de la banque. Heureusement, ce chef de division était armé. Il dit avoir ouvert légèrement une fenêtre derrière sa maison et a tiré trois balles de calibre 12 en l’air, mettant ainsi les bandits en débandade.
Combien de changeurs de monnaie n’ont pas été assassinés dans ce pays et leurs fonds emportés ? Je me souviens de cet agent payeur tué au Nord-Ubangui alors qu’il transportait des sacs d’argent pour aller payer les enseignants. Bref, faisons attention quand nous manipulons publiquement des billets de banque.