Avant même qu’elles soient prononcées, on entend déjà les jérémiades des hommes qui affirment que la différence entre mâle et femelle doit être si nette que la domination virile est naturelle, souhaitée par la femme elle-même, même quand celle-ci s’en défend. La nouvelle tendance internationale à la dénonciation du harcèlement sexuel peut donc être critiquée, par certains harceleurs africains, comme le copié-collé de tendances occidentales à brouiller l’affirmation des identités sexuelles.
Aujourd’hui, abreuvée par l’affaire américaine du producteur Weinstein et revigorée par l’esprit du « #Balance ton porc », l’Africaine se rebellerait pour un oui ou pour un non, alors que le macho croyait « sincèrement » lui faire plaisir avec des assauts flatteurs…
Trêve de prétexte faussement afrocentrés : la drague respectueuse et le harcèlement sexuel n’ont rien à voir, comme en témoignent nombre de législations africaines. Même peu appliquée, la loi congolaise indique que le harcèlement est passible de peines de prison. Ceci étant, comme l’affirme la spécialiste en droits des femmes Lady Ngo Mang Epessé, « ce ne sont pas les lois qu’on doit changer, c’est la société qui doit évoluer. »
Harcèlement en famille, à l’école et sur le lieu de travail
Il faut alors débusquer le harcèlement là où il se trouve. Dans les domiciles, d’abord, où le concept de « famille élargie » et l’accès aisé à du personnel de maison augmente le nombre de combinaisons sexuelles possibles. Sur le lieu de travail, bien sûr, en RDC comme ailleurs où les rapports de pouvoir enveniment les relations malsaines, d’autant que la hiérarchie reste majoritairement dominée par les hommes. Et comme l’éducation est la clef de (presque) tout, il ne faut pas oublier que le harcèlement sexuel s’apprend aux âges où l’on découvre la libido. A l’école, les comportements sexués déplacés s’inscrivent dans un harcèlement scolaire plus global bien identifié en RDC. De plus, au collège, les faveurs intimes, lorsqu’elles ne sont pas exigées par des adolescents en quête d’expérience, sont une monnaie d’échange réclamée par des enseignants distributeurs de NST (notes sexuellement transmissibles).
Lorsqu’il n’est pas qu’une affaire de désir indécent, le harcèlement sexuel est un instrument de soumission parmi d’autres. La parole congolaise se libérera-t-elle, notamment sur les réseaux sociaux ? Curieusement, la drague outrancière est tout à la fois une chose dont les auteurs se vantent, entre eux, et un tabou pour les victimes…
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Il faut se libérer et avoir le courage de dénoncer les actes d’harcèlement; sinon, c’est les appuyer dans le.silence coupable.