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Un 30 août sanglant à Goma : le récit d’une répression injustifiée

La tension reste perceptible dans la ville de Goma, après le carnage du 30 août 2023. Des tracts ont circulé dans la ville appelant à une journée ville morte ce lundi 4 septembre, jour de rentrée scolaire. 

En effet, la manifestation organisée par la secte mystico-religieuse FNJMN / Wazalendo pour exiger le départ de la Monusco, a été réprimée dans le sang mercredi 30 août. Bilan officiel : 43 morts, 56 blessés et plus de 150 personnes arrêtées. 

Des images prises par des habitants de Goma et diffusées sur Internet, montrent des militaires tirant à bout portant sur des manifestants, trainant au sol des corps inertes et les entassant les uns sur les autres dans des camions militaires. Pourquoi un tel usage de la force ?  

FNJMN / Wazalendo : secte ou milice ?

Attention ! Cette secte mystico-religieuse n’est pas à confondre avec la milice Wazalendo impliquée dans l’insécurité urbaine aux alentours de Goma et dans des attaques armées dans le territoire de Masisi et de Rutshuru au Nord-Kivu. La secte dont les membres ont été tués le 30 août s’appelle « Foi naturelle judaïque messianique vers les nations, en sigle FNJMN / Agano La Uwezo Wa Neno / Wazalendo. Elle est dirigée par son visionnaire Ephraim Bisimwa et intègre dans son enseignement des éléments de rites chrétiens et animistes.

En effet, la secte FNJMN dit être investie d’une mission divine et ancestrale qui consiste à lutter pour l’indépendance réelle du Congo et de l’Afrique, et à faire barrage à l’impérialisme. Les adeptes de la secte, revendiquent l’héritage du combat de Patrice Lumumba, Simon Kimbangu et Kimpavita. Ils se réunissent dans un quartier populaire de l’ouest de Goma. Leurs enseignements sont diffusés sur les réseaux sociaux et sur leur propre radio dénommée Radio Uwezo wa Neno (Puissance de la parole). Cette radio a finalement été incendiée par les agents de l’ordre. 

Une colère « légitime » contre la Monusco 

Dans une vidéo qui a fait le tour des réseaux sociaux, Ephraim Bisimwa, leader de FNJMN, affirme que l’objectif de la marche était de réclamer le départ immédiat de la Monusco. Il accuse la mission onusienne d’inertie face aux massacres récurrents qui endeuillent l’est du pays depuis plus de 20 ans. 

Cette demande de la secte traduit un mécontentement de la population congolaise à l’égard de la Monusco. Depuis 2022, une série de manifestations anti-Monusco a été organisée dans différentes villes de l’est de la RDC. En un mot, les populations de cette région reprochent à la mission onusienne son inefficacité face aux groupes armés, particulièrement le M23.

La Constitution de la RDC garantit aux citoyens le droit de manifester pacifiquement, même lorsque leur protestation concerne les Nations Unies. Il est inacceptable que le gouvernement ne réponde qu’avec la force militaire à ces revendications légitimes de la population. Verser tant de sang le 30 août est une barbarie qui ne doit pas rester impunie. Il faut que justice soit faite.

 

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