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À Kinshasa, la justice populaire remplace celle de l’État

En l’absence d’une justice digne de ce nom en RDC, les Kinois se font eux-mêmes justice et ont souvent recours à la vindicte populaire. Des jeunes délinquants sont lynchés ou brûlés vifs par la population. Les plus chanceux sont traînés devant les cours et les tribunaux.

A Kinshasa, un magazine télévisé intitulé : « Kin Makambo » (les problèmes de Kinshasa), fait un tabac auprès des téléspectateurs. On y raconte les histoires drôles qui se passent au quotidien dans les quartiers de Kinshasa. Cambriolages, combats de rue, accidents de circulation, scènes de sorcellerie, tout y passe. Les scènes à succès sont souvent les cas de viols, de vols et les arrestations des délinquants dits, Kuluna. Problème : la population se fait elle-même justice sans tenir compte de la présomption d’innocence reconnue aux accusés.

La justice populaire règle la question

Récemment à Lemba, une commune de la capitale, un Kuluna (jeune délinquant) a été frappé à coups de pierres et de bâtons par la population qui l’accusait de tentative d’un vol dans une concession. Grièvement blessé et affaibli par les coups, le Kuluna est abandonné sur la route sans aucun secours, alors qu’il saigne et agonise. « Ça t’apprendra à ne pas voler ! », s’écrie une femme. Des cameramen étaient là et se contentaient juste de prendre des images, au lieu d’appeler une ambulance pour conduire le garçon à l’hôpital.  

Pour beaucoup de Congolais, la justice populaire est une bonne chose, car chaque fois que les délinquants sont conduits à la police, ils sont relâchés immédiatement. Ce genre de cas de lynchage populaire est monnaie courante dans la capitale. Les images du sang qui coule sont diffusées à longueur de journées à la télévision, sans ménagement.

La présomption d’innocence, un principe inconnu de la population  

À Kinshasa, dès qu’on vous impute une infraction, cela vous colle à la peau toute la vie. Pourtant, l’article 11 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme stipule : « Toute personne accusée d’un acte, délictueux est présumée innocente jusqu’à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d’un procès public où toutes les garanties nécessaires à sa défense lui auront été assurées. »

D’autre part, l’article 41 de la Constitution de la RDC dispose que « … les pouvoirs publics ont l’obligation de protéger les enfants et la jeunesse et de déférer, devant la justice, les auteurs et les complices de violence à l’égard des enfants ». Hélas, toutes ces dispositions légales, chacun les interprète à sa manière et selon son entendement !

Le manque de crédibilité de la justice congolaise est l’une des raisons qui poussent la population à se prendre elle-même en charge . Or, « sans justice, il n’y a pas de dignité », a déclaré le père de l’indépendance, Patrice Emery Lumumba.

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