article comment count is: 1

A Butembo, les jeunes font de l’assainissement des rues un business

Lorsque l’État est absent, les jeunes de Butembo prennent la relève. Alors que les rues de la ville sont dans un tel état d’insalubrité, ce sont les jeunes qui s’adonnent courageusement aux travaux d’assainissement appelés « salongo ». Ils en font désormais un business en érigeant sur les routes des barrières de péage. Aucun véhicule ne peut y passer sans débourser quelques sous. Le tout sous l’œil impuissant des autorités urbaines. 

Sur plusieurs artères de la ville, on observe chaque matin une présence des jeunes biens rangés pour le « salongo ». Ils sont généralement cinq, six, dix et parfois plus. Ces jeunes, « acteurs du développement urbain de Butembo», aménagent les passages, évacuent les rigoles, ramassent les déchets. Là où ils ont travaillé on ne peut que se féliciter de la salubrité qu’ils instaurent. Un jeune interrogé en plein travail sur une route menant vers l’aérodrome de Rughenda m’a confié que leur action s’inscrit dans la logique de l’auto-développement local. « Si nous ne nous impliquons pas nous-mêmes dans notre propre développement, qui le fera pour nous », explique le jeune homme.

Mais paradoxalement, à quelques mètres de là, ils ont érigé des barricades. Vélos, motos, voitures, piétons, rien n’échappe à la vigilance de ces « taxeurs occasionnels et sans mandats ». Tout le monde doit débourser un peu d’argent pour franchir la barrière.

Pour ces jeunes, l’argent qu’ils perçoivent leur permet de s’acheter du savon pour se laver après le travail. Si vous n’avez aucun sous à leur verser, ils vous contraignent à travailler avec eux pendant quelques minutes, parfois sans tenir compte de l’urgence que vous avez. Ceux qui ne veulent rien entendre sont obligés de rebrousser chemin ou de chercher d’autres voies pour circuler.

Ces travaux d’assainissement ne sont pas une nouveauté à Butembo

Je me rappelle que durant ma jeunesse, les travaux communautaires d’assainissement de la ville s’effectuaient, sur ordre de l’État chaque vendredi dans la matinée. Les hommes devaient se mobiliser afin d’assainir leur avenue, les devantures des boutiques, etc. Grâce à cela, la ville était toujours propre et les artères praticables. Puis, plus rien ; l’insalubrité est revenue au galop. C’est alors que les jeunes au chômage en ont profité aujourd’hui pour récupérer des prérogatives qui appartiennent à l’État.

« L’État a démissionné, il faut le secourir… »

Un chef d’un des quartiers où ces travaux sont les plus intenses, estime que le courage de ces jeunes devrait bénéficier du soutien des pouvoirs publics. Depuis que les jeunes ont pris en main la question du « salongo », les rues et les avenues sont redevenues propres. Cette autorité de base va même jusqu’à souhaiter que l’État légalise ce « monnayage routier » pour encourager ces jeunes qui font bénévolement ce que l’État devrait faire.

Je me demande à quoi servent les taxes perçues par le Foner (Fonds national d’entretien routier) sur différents parkings et barrières. A mon avis, il convient de réorganiser ce secteur de l’assainissement public et de l’entretien routier.

Est-ce que vous avez trouvé cet article utile?

Partagez-nous votre opinion

Les commentaires récents (1)

  1. Ce projet me rappelle celui de 100 citoyens journalistes appuyé par l’ambassade des États-Unis à Kinshasa mis en œuvre par la VOA. C’était une belle expérience de travailler dans ce projet pendant 7ans.
    Je vous encourage dans le votre mais comme vous rejoindre.
    Nestor mirugi
    Journaliste basé dans la ville de Bunia

  2. Cette jeunesse trouve là une opportunité à exploiter; il serait mieux de faire un partenariat public-privé (PPP) pour renforcer la légitimité de cette initiative..