Dans notre société, l’aisance ou la stabilité financière symbolise la sécurité contre les aléas de la vie. Alors que l’informel domine l’économie et que les opportunités de se mettre à l’abri des situations de crise financière se comptent sur les doigts d’une main, le manque d’argent désintègre le tissu socioéconomique dans le pays, créant des chômeurs et des délinquants.
Dans les couples, le manque d’argent peut devenir une source de conflit et de violence. Des désaccords qui concernent le plus souvent la répartition des revenus entre l’homme et la femme, l’affectation des dépenses à effectuer, l’opportunité ou non pour une femme de travailler dans un secteur donné suivant l’appréciation de son époux… C’est le genre de scénarios que j’ai vécus en Allemagne, où les disputes conjugales autour de ces cas de figure étaient légion, notamment dans les familles africaines.
Tout comme dans de nombreux autres pays européens, la sécurité sociale accorde des subsides aux familles dont les tuteurs ne travaillent pas ou ne gagnent pas suffisamment d’argent pour vivre décemment. Les allocations familiales, grâce auxquelles l’État verse des subsides pour nourrir, vêtir et scolariser chaque enfant, ont brisé plus d’une famille congolaise et sont l’objet de nombreuses fraudes.
Instrument de pouvoir
Dans une relation amoureuse, le conjoint qui contrôle les finances ou dispose de plus de revenus peut mettre cela à profit pour dominer son ou sa partenaire. Lorsqu’un homme est en froid avec son épouse, il peut utiliser sa position financière pour restreindre les dépenses personnelles de son épouse ou ceux du foyer, créant un sentiment de frustration et d’impuissance qui peut facilement culminer vers des abus émotionnels ou physiques. Vulnérables, de nombreuses femmes s’enferment dans une bulle, craignant d’être chassées du foyer, un risque que peu choisissent de prendre.
Devant une telle impuissance, le risque pour les femmes de subir la violence de leur partenaire s’accroit. Par peur de l’inconnu, de nombreuses femmes hésitent à se libérer de ce type de relations toxiques et acceptent d’en subir les conséquences. Il est vrai que les normes culturelles plaçaient la femme en position de ménagère dépendant de son mari pour subvenir aux besoins du foyer. Cependant, avoir une seule source de revenus par un seul conjoint est risqué de nos jours. Avoir deux conjoints qui travaillent n’étonne presque plus personne.
Cependant, l’équilibre quant à la contribution de chacun dans les dépenses du foyer doit faire l’objet d’une communication permanente et d’une préparation. Si cela est préparé en amont, des désaccords et certains divorces pourraient être évités.