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« Bleusaille » : une honte pour nos universités ! 

Interdite depuis plusieurs années en RDC, la pratique de la bleusaille (maltraitances des nouveaux étudiants avant l’intégration à l’université) persiste encore dans plusieurs institutions supérieures et universitaires du pays. Au Nord-Kivu, cette pratique provoque parfois des échauffourées estudiantines et les nouveaux étudiants sont publiquement humiliés avant l’intégration. 

« Appelle tes parents au téléphone si tu ne veux pas souffrir… », me disait un « Poil » (un aîné scientifique de l’université). À la place d’un téléphone portable, il attachait une grosse pierre juste sur mon l’oreille gauche. C’était lors de ma première journée à l’université. On était plusieurs centaines de nouveaux étudiants dans une université de la ville Beni, à l’est de la RDC.

A mon arrivée dans la cour mouvementée de l’université, j’aperçois plusieurs jeunes garçons aux torses nus, pantalons déchirés et les cheveux mal coiffés entrain de subir leur bleusaille comme il se doit. C’est une « coutume » universitaire d’intégration. Parmi les étudiants, des filles aussi. On voit les parties intimes de certaines d’entre elles.

Premier sentiment : je ressens du chagrin du fait d’être inscrite dans cette université. Je pouvais renoncer, mais j’avais peur de décevoir mes parents. Je me plains auprès d’eux, mais ils trouvent cela normal. Pourtant, la période de bleusaille est un véritable calvaire pour les nouveaux étudiants. Ça peut prendre des jours, quelques semaines ou même un mois. Tout dépend du comité estudiantin au sein de l’université. C’est ce comité constitué d’anciens étudiants élus, représentants les autres, qui organise cette « cérémonie » d’intégration.

Une opportunité pour régler ses comptes personnels

La bleusaille commence tôt le matin avant les cours. Elle consiste à chanter des insanités, danser, courir, faire des gestes d’injures… Pareil pour moi. Pas de traitement de faveur ! Dès mon premier jour d’étude, je deviens une « boulette » (quelqu’une subissant la bleusaille) aussi.

C’est lors de mon sixième jour, le dernier de cette période de transition avant d’être intégrée et reconnue comme étudiante, que cela a tourné au vinaigre. C’était la pire de mes épreuves de bleusaille. Un garçon du quartier et ancien de l’université me croise à l’entrée de la faculté. Il m’oblige à me coucher par terre dans une flaque d’eau. Après une tentative de résistance, un groupe d’anciens étudiants intervient. Sous haute pression, j’obtempère. J’avais l’impression de m’écrouler. Surtout que les passants étaient attirés par la scène et impatients de voir ma réaction.

Ce garçon qui m’a humilié, n’était pas un inconnu pour moi. Il s’agissait de celui qui me draguait assez souvent au quartier. Il est devenu un ennemi à cause de mes refus. Donc, pour certains étudiants sans tact,  la bleusaille est l’occasion en or pour régler ses comptes.

L’intégration à l’université n’est pas un enrôlement dans l’armée

Des « boulettes » deviennent ainsi régulièrement des cibles particulières de ces maltraitances, parce qu’elles sont jugées parfois orgueilleuses par les anciens étudiants. J’ai le souvenir inoubliable d’une bleusaille qui avait tourné en bagarre entre les anciens et les nouveaux étudiants. Tout commence par une fille et un garçon qui avaient été soumis à une épreuve consistant à s’auto-masturber, afin de simuler un acte sexuel en plein air. Devant une grande foule, leur refus déclenche une guerre à l’université. Bilan : plusieurs blessés et des arrestations.

Ce qui choque le plus, est que cette activité a perdu son sens originel. Celui de faciliter l’intégration des nouveaux étudiants dans le monde académique. La violence n’engendre que la violence. À présent, c’est primordial d’éviter cette voie et de trouver d’autres moyens plus pacifiques d’intégration.

Les autorités continuent d’interdire la bleusaille, mais la mesure ne s’applique pas de manière effective. Il est temps d’en finir avec ces pratiques humiliantes qui donne une mauvaise image de nos universités. Que les auteurs soient punis personnellement selon la loi. Le début des études universitaires ne doit pas être confondu avec un enrôlement dans l’armée !

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Les commentaires récents (7)

  1. Ce vraiment logique. La période du bleusaille doit être plutôt l’occasion des anciens d’initié les nouveaux étudiants à savoir :
    – écrire une lettre de recours ;
    – à connaître la différence qui a entre Université et l’humanité …

    1. Cette pratique est juste malgré une certaine exagération de poils, mais comme aucune loi du pays ne l’interdit, on continuera à le faire toujours et toujours

  2. A toi frère Bienvenue kabasele. détrompe toi, l’unikin est une honte intergalactique par rapport à cela, car le bleusaille a même emmené aujourd’hui des étudiants en urgence à l’hôpital, et c’est surtout les bisseurs qui les engendrent , comme si si ils ont échoués , c’était de notre faute…des lâches ( évidemment que tout les bisseurs ne sont pas comme ça, mais ce sont souvent ceux de D1)

  3. C’est vraiment une bonne pratique est c’est autoriser car aucune loi du pays ne l’interdise. Moi c »est flory kalume depuis Uob

  4. C’est tout â fait normal de continuer à faire cette pratique car aucune loi du pays ne l’interdit. Vive les poils

  5. Comme la loi es mole dans ça, càd Aucune loi du pays ne l’interdit, et donc on continuera toujour à le faire encore et encore