Malgré l’interdiction de l’alcool à dose forte vendu en petites bouteilles à Lubumbashi, le commerce s’active. Il s’impose d’ailleurs et les services de sécurité le constatent impuissants, sans appuis des autorités urbaines.
« La petite bouteille de 200ml revient à 750FC, soit 0.75 USD à certains endroits, et 650FC dans d’autres : le prix varie selon qu’on se trouve au centre-ville ou qu’on s’en éloigne », confie Mwamba Freddy, vendeur d’alcool. Il ajoute : « vendre de l’alcool à la cité, c’est plus facile, pour nous : on rencontre moins de tracasseries que ce que nous connaissons au centre-ville. Les agents de l’ordre ont pris l’habitude de tourner autour de nous. Ils veulent non pas ordonner, mais avoir de l’argent. »
Le whisky est le plus répandu, et les brassicoles conçoivent des contenants plus faciles à emporter. Il est désormais facile de boire partout, quand on veut et comme on veut. Il y a seulement trois ans, l’alcool en petites bouteilles était formellement interdit à Lubumbashi. Mais faute de suivi, le commerce sort de l’informel et s’installe dans les arrêts de bus et marchés communaux.
Souvent ivres, parfois dès le matin, les jeunes conducteurs de taxis et bus de transports en communs filent sans respect des consignes routières, plongés dans leurs excès de vitesse. Intrépides, ils occasionnent beaucoup d’accidents. Les routes les plus meurtrières de Lubumbashi sont celles où l’on croise plus de jeunes conducteurs : vers le campus universitaire, vers la commune populaire de Kenya, etc.
Dans les quartiers périphériques, les vendeurs d’alcool se sentent parfois plus en paix, moins tracassés qu’en ville. La police elle-même semble ne plus s’engager dans la lutte, découragée par le manque de suivi des autorités administratives. Les fabricants d’alcool en petite bouteille sont connus au niveau local et ne sont pas inquiétés. Pourquoi alors s’attaquer aux vendeurs ? Cette réserve profite à quelques policiers « tracasseurs ».
Je trouve anormal que notre société néglige la sécurité des personnes. L’alcool n’est pas interdit, mais lorsqu’il est vendu en petites bouteilles, il facilite et encourage la consommation mobile ! De grosses bouteilles ont ainsi l’avantage d’immobiliser les consommateurs. En plus, elles coûtent plus chères. Pour ma part, c’est un signe que les autorités urbaines ne jouent pas leur rôle : maintenir l’ordre public et la sécurité routière.