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Le business des cartes d’électeurs à Kinshasa

Lancée depuis le 2 août 2023, l’opération de délivrance progressive de duplicatas des cartes d’électeurs se poursuit à Kinshasa. Officiellement gratuite, cette opération vire à un monnayage ouvert de cette pièce sous l’œil impuissant de la Céni.

Christopher, 20 ans, s’apprête à remplir pour la première fois son devoir civique. Il s’est montré enthousiaste pour aller chercher sa carte d’électeur. Dix mois après, ce précieux document n’est plus qu’une feuille vierge, tous les écrits ont disparu. Comme ce jeune, plusieurs autres personnes se plaignent de la mauvaise qualité de leurs cartes d’électeur. C’est pourquoi la Céni a lancé l’opération de délivrance des duplicatas. « En ce qui concerne les électeurs dont les écrits sur les cartes se sont effacés ou sont devenus illisibles, ils sont priés de se présenter aux antennes de la Céni du ressort de leur centre d’inscription, munis de la carte défectueuse, pour se faire délivrer la carte d’électeur de remplacement », avait précisé la Céni dans un communiqué. Elle a insisté sur le caractère « gratuit » de l’opération.

Pourtant, sur le terrain, cette gratuité peine à être respectée. Quand il se rend à l’antenne du Mont-Amba, Christopher est « surpris » d’être obligé à mettre la main à la poche. « Il y a des personnes qui m’ont obligé de payer 10$ pour obtenir le duplicata », témoigne-t-il.

La Céni fait le Ponce-Pilate

Le cas de Christopher n’est pas unique. Thérèse, la cinquantaine révolue, raconte également son calvaire. Elle est aujourd’hui en impossibilité de recevoir de l’argent en provenance d’Europe, car sa seule pièce d’identité c’est sa carte d’électeur, mais celle-ci n’a plus d’écrits. « Je fais des va-et-vient à la maison communale de Kalamu sans être servie. On m’a dit plus tard qu’il faut payer pour obtenir une autre carte », regrette-t-elle.

En septembre dernier, le président de la Céni avait condamné ce monnayage tout en rejetant la responsabilité de ce phénomène aux électeurs, car, estime-t-il, la rigueur s’impose sur tous les agents qui recourent à celles-ci. « Un chef de centre a déjà été sanctionné », avait-il annoncé, invitant la police à faire de même pour les policiers qui s’illustrent dans « cette pratique dégradante ». De son côté, Jean-Baptiste Itipo, directeur de communication de la Céni, est catégorique : « Les services de la Céni sont gratuits. Si des individus tentent de monnayer ces opérations, il faut le signaler aux autorités. »

 

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