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Le calvaire des veuves au Nord-Kivu

Au Nord-Kivu, les mariages entre personnes de tribus différentes est un casse-tête pour les femmes, surtout en cas de décès de l’époux. La veuve, étant d’une autre ethnie, elle est accusée d’avoir « mangé » son mari par des actes de sorcellerie. Souvent, elle est dépossédée  de tous les biens par la famille du défunt.  

Les veuves sont souvent déshéritées car elles ignorent leurs droits légaux. Hélas, les coutumes sont très respectées au Nord-Kivu. Il y a aussi le fait que beaucoup se contentent d’un simple mariage coutumier sans passer par l’état civil. Ce qui a pour conséquence de ne laisser presque aucune couverture juridique aux veuves en matière d’héritage.

S’emparer des biens du défunt avant même son inhumation

Zawadi Dolo, 26 ans, veuve depuis deux mois est originaire de l’ex-Province Orientale. Son défunt époux était du Nord-Kivu. Elle a été dépouillée de tous les biens qu’il a laissés. Elle raconte : « J’ai perdu mon mari fin avril dernier. Nous menions déjà une vie stable. On a eu deux enfants ensemble. Dès que la mort de mon époux a été déclarée à l’hôpital, sa famille m’a menacée en exigeant de rendre les documents parcellaires. Ils m’ont ravi même les clefs de notre chambre conjugale. Pendant que je faisais encore le deuil, ils ont tout emporté, même les téléphones et le carnet bancaire de mon mari. » 

Les membres de la belle-famille de Zawadi n’ont même pas attendu l’enterrement du défunt. Ils se sont emparés des habits, des souliers et de toutes les valises. « Ils n’ont rien laissé, même les provisions alimentaires, alors que j’ai deux orphelins à prendre en charge », déplore Zawadi en versant des larmes. Elle a porté plainte, espérant obtenir réparation.

La loi protège les veuves et les orphelins

Une autre femme touchée par ce problème : Princesse Lubuto. Elle vit désormais chez ses parents avec ses cinq enfants orphelins. Sa belle-famille l’a mise dehors après l’avoir dépouillée de tout. Ce phénomène prend de l’ampleur au Nord-Kivu : il y a des tribus qui pensent que si le mari meurt, c’est la veuve qui l’a tué en faisant de la sorcellerie !

Plusieurs veuves victimes de ces violences n’osent pas saisir la justice. Beaucoup ignorent la loi congolaise sur la succession qui pourtant les protège. D’autres encore, sont tellement affectées par la disparition de leurs époux qu’elles trouvent inutile de se battre contre leur belle-famille pour des biens. C’est bien dommage, car cette résignation ne joue pas en leur faveur. Les veuves doivent savoir que si elles sont incapables de se défendre elles-mêmes, la loi leur donne le droit de se faire assister par des avocats.

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Les commentaires récents (2)

  1. Bonjour.
    C’est avec grand plaisir que je vous présente mes félicitations pour avoir donné des publications concernant une catégorie des personnes très fragiles « les veuves » qui attirent moins les décideurs et les acteurs du développement.
    En effet, je suis étudiant, en deuxième licence, option Planification gérionale, à l’ISDR-GL; je compte travailler sur la situation des veuves au Nord-Kivu. Svp, avez-vous une documentation dans ce sens?
    Si oui, veillez m’accompagner dans cet angle. Merci
    Je serai très honnoré de vous lire.