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Pas de deuil pour les amants qui vivent en union libre

Ceci n’est pas le 11e commandement de la Bible, mais une mise en garde dans certaines coutumes congolaises. « Tu ne verras pas le cadavre de la copine avec qui tu as vécu comme mari et femme, sans avoir remis de dot dans sa famille. » Savez-vous pourquoi ?

Vous avez sans doute déjà entendu ces mots quelque part, loin ou près de chez vous. Pourquoi interdit-on aux gens de voir le cadavre de leurs copines ou des personnes décédées avec lesquelles ils ont eu des expériences amoureuses non officialisées ? Que faire si l’on veut à tout prix les accompagner dans leurs dernières demeures ?

Quand la précarité économique empêche les amoureux de s’unir, la dot devenant prohibitive, les Congolais ont trouvé une alternative immortalisée par l’expression en lingala, « yaka to fanda », « viens, vivons ensemble ». Une union libre, sans dot versée, sans reconnaissance officielle des familles, ni de l’Etat civil. Cet amour est sans doute clandestin à tout point de vue. Pourtant il existe.

« Si tu n’as jamais rien remis dans la famille de la fille avec laquelle tu sors, n’oses jamais aller à son enterrement, ou voir son cadavre », conseille Papy, un jeune marié uniquement selon la coutume, et parent de trois enfants. Ce n’est pas que le cadavre de la fille va se réveiller pour te déranger, explique-t-il, mais les vivants le feront. Pour n’avoir pas touché leur dot, « ils vont dire des paroles méchantes, pour te jeter un mauvais sort. Car, comme le dit littéralement un adage luba, « seule la parole produit l’action, le gri-gri n’est que diversion ». »

Etre hanté par le fantôme de sa copine

Comme cela doit être difficile de faire son deuil sans voir la dépouille de son amie. Au-delà du chagrin de la perte, la peur d’être pourchassé par le fantôme de sa bien-aimée… Pas de dot ? Alors pas de deuil ! Malgré l’interdit, certains jeunes témoignent avoir vu des gens se rendre aux enterrements de leurs copines ou ex-copines décédées, sans qu’aucune mauvaise chose ne leur arrive. « Chez-nous, raconte un autre jeune parent, si tu veux voir la dépouille de ta copine, il suffit de mettre ton caleçon à l’envers le jour de l’enterrement, pour que rien ne t’arrive ! » Sinon, poursuit-il, « on jettera sur toi le fantôme de la fille. Il te tracassera, avec des sensations de froid, de pesanteur sur le dos, de ventre qui gonfle, et tu maigriras de manière inexpliquée. »

Selon les tribus, il existe différents moyens de contourner la colère des membres de la famille de son ex-copine pour qui on n’a pas payé de dot. Dans certaines par exemple, le marié clandestin va être lavé selon un rituel destiné à le séparer de la défunte. Recommandation est faite alors d’aller avoir des rapports sexuels avec une autre femme. Une fois cela fait explique un autre jeune de Lubumbashi, citant la coutume de son ethnie : « Tu devras lui laisser ton slip sur le lit. Cela suffit pour que le fantôme de la défunte reste sur cette pauvre fille. »

Combien de temps les gens souffriront-ils encore et feront souffrir les autres au nom de la coutume ?  

 


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