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La cité de Tenke privée d’informations

L’accès à l’information, et surtout à une information plurielle, est un droit pour tout Congolais. Mais ce n’est pas le cas à Tenke, une ville située sur la route de Lubumbashi vers la ville de Kolwezi. À Tenke, il n’y a ni chaîne de radio, ni de télévision. La population est coupée du monde, à moins de suivre des radios étrangères sur Ondes courtes (MW).

Le blogueur Adrien Ambanengo, habitué à vivre à Lubumbashi où grouillent des médias, raconte son séjour à Tenke, dans le Lualaba.

Tenke a beau être une cité minière, ses habitants sont privés d’informations car il n’y a aucun média audiovisuel sur place. Ils doivent se contenter des rumeurs à travers ce que d’aucuns qualifient ironiquement de radio trottoir internationale. Pas donc d’information vérifiée par des médias locaux.

Cette expérience de vivre dans une cité sans radio m’a permis d’avoir une appréciation particulière de la  transmission de l’information du bouche à oreille. Ici les informations sont souvent difficiles à vérifier. Bien entendu, ce ne sont pas toutes les nouvelles qui sont douteuses. Mais la confusion est terrible pour démêler le vrai du faux.

Une radio locale a pourtant existé à Tenke, il y a environ cinq ans : Radio Umoja, une chaîne privée. Kazembe Mukebo, la trentaine révolue, y a travaillé comme journaliste, mais pas pour longtemps. Ses collègues et lui ont dû ranger leurs micros. Un divorce d’autant plus douloureux, qu’ils doivent trouver autre chose à faire. Pour la cité de Tenke, c’est vraiment un recul. Une radio, ça ouvre au monde, et ça ouvre les esprits par la magie de l’information.

Dépendance aux médias internationaux

S’informer à Tenke est devenu une équation impossible à résoudre après le silence de Radio Umoja. Cette radio faisait de l’information de proximité, ce qui lui a valu le soutien de l’ONG Search For Common Ground (SFCG). Aujourd’hui, la seule actualité qui réunit et prolonge encore les discussions à Tenke c’est le football, grâce aux antennes paraboliques.

Pour les rencontres diffusées par la télévision officielle, la RTNC ou par des chaînes étrangères comme AFNEX, les habitants se réunissent et paient jusqu’à 500 FC pour suivre les matchs. En dehors de cette possibilité, si vous voulez vous informer, vous devez vous payer une radio et chercher RFI, BBC et autres, en ondes courtes.

C’est bien dommage pour cette région d’où proviennent cuivre et cobalt qui enrichissent les villes katangaises, et même jusqu’à la capitale Kinshasa. Il faut bien qu’un jour, les pouvoirs publics comprennent qu’informer sa population est un devoir. La RTNC devrait être une chaîne vraiment nationale, facile à capter même dans nos villages. Hélas, ce n’est pas le cas. Elle n’est captée que dans quelques grandes villes. Aujourd’hui la RTNC ne  diffuse essentiellement que les activités du gouvernement.

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