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Face à Marie Branser, les Congolais sont-ils racistes ?

Depuis la proposition de loi de Noël Tshiani sur l’accès à des postes stratégiques et aux fonctions régaliennes, les débats ne cessent de graviter autour de la « congolité ». Selon cette loi, être Congolais de père et de mère est un gage de loyauté envers le pays. Ce qui n’est pas toujours le cas, à mon avis. Car on peut ne pas être Congolais de père et de mère, mais servir loyalement le Congo. Il y a aussi l’expression « demi-Dakar » pour désigner péjorativement les métis.

A l’occasion des Jeux olympiques de Tokyo 2020, l’athlète allemande naturalisée congolaise, Marie Branser, est au centre des débats entre les pro et les anti-loi Tshiani. En lisant tout ce qui se dit à ce sujet sur Internet, j’en suis venu à me poser la question si nombreux d’entre nous ne sont pas racistes ?

Le racisme que j’ai vécu

Quand j’étais plus jeune, j’ai passé une partie de ma vie en Allemagne dans un petit village au nord du pays qui s’appelle Wendeburg. Ici, quand vous êtes étranger et noir, il y a de petites choses qui vous font comprendre que vous n’êtes pas le bienvenu.

En entrant dans un magasin par exemple, le prix qu’on vous donne pour certains produits et services sont plus élevés. Quand vous cherchez un appartement, on vous fixera un prix exorbitant et des conditions très contraignantes dans le but de vous décourager. Là où un seul document administratif aurait suffi, on vous en demandera quatre. Et cela sans compter le lot de préjugés qui vont avec, à l’image de l’incident qui a récemment eu lieu avec un Français d’origine congolaise.

Heureusement, tous les gens ne sont pas comme ça. J’ai rencontré des personnes formidables à Hildesheim, Braunschweig et dans bien d’autres endroits et avec qui nous sommes restés amis pour la vie.

Tribalistes et racistes sont frères

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les deux sont les mêmes. Ils jugent les autres en fonction des stéréotypes. Ils ne sont pas ouverts d’esprit et voient le monde à travers une perception basée soit sur leurs expériences personnelles ou de ce qu’ils ont entendu dire. Un Allemand raciste est également tribaliste dans le sens où, s’il est de Bavière par exemple, il critique ceux du Nord et inversement.

Le Congolais tribaliste est le même qui, en plus de détester ceux qui ne sont pas de sa tribu, en veut aux Rwandais, aux Sud-Africains, aux Libanais et à tout étranger qu’il perçoit comme des intrus venus accaparer des privilèges en RDC.

On parle beaucoup des droits de l’Homme en pensant que cela se limite à la liberté d’expression et d’autres droits spécifiques. On a oublié d’y intégrer le plus important : le droit à la différence. Un Congolais a le droit d’être différent des autres. De ne pas se conformer à la norme socialement admise par la majorité de la société. Marie Branser est différente de la majorité d’entre nous de par sa couleur de peau. Elle a droit à cette différence. Ce qui n’enlève rien à l’amour qu’elle porte pour son pays la RDC.

 

« Cet article est écrit avec l’appui technique d’Internews, grâce au financement de la coopération suédoise, l’USAID et la coopération suisse.  Les opinions partagées dans cet article ne reflètent pas nécessairement les vues de l’Agence Suédoise de Développement International (ASDI), de l’USAID, la coopération suisse, ainsi que des gouvernements suédois, des États-Unis et suisse. »

 

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