La RDC occupe la 154e place sur 174 du classement des pays en terme de corruption selon Transparancy International. Le Congolais s’est tellement familiarisé avec la corruption qu’il lui octroie même des sobriquets. Non pas pour s’en débarrasser, mais plutôt pour la camoufler.
On retrouve les pratiques de corruption presque partout au Congo. Que ce soit chez les gouvernants ou les gouvernés, dans la fonction publique ou dans les églises… presque tout le monde est empêtré dans la corruption dissimulée sous plusieurs appellations.
La corruption au Congo semble devenir une chose normale que personne n’ose dénoncer. C’est un peu comme un criminel bien connu de tout le monde, mais qu’on laisse vivre tranquillement dans la société.
À la place du mot corruption, chacun utilise un pseudonyme pour minimiser le fait de corrompre ou de se faire corrompre. Chez les hommes en uniforme, on appelle cela « madesu ya bana » (haricots des enfants), en référence à la provision que l’officier de police est censé apporter à ses enfants après chaque jour de service.
« Mwa madesu ya bana ndeko»
Un jour, me trouvant à bord d’un bus, nous sommes bloqués par les embouteillages. « Ça alors, encore ces policiers de roulage ! », se plaint notre chauffeur. Les véhicules roulaient à pas de tortue. Nous finissons par arriver au rond-point Victoire. Devant nous, un policier contraint notre bus à s’arrêter. Puis il vient vers le chauffeur et lui tend la main en utilisant la fameuse expression magique : « Mwa madesu ya bana ndeko» (un peu de haricot pour les enfants mon frère).
Nous on pensait qu’il venait demander les documents de bord du chauffeur (permis de conduire, carte rose et autres). Non, il cherchait un peu d’argent à mettre en poche. Notre chauffeur, visage fermé, lui glisse quelques billets dans la main. Le policier nous a alors laissé le passage. Nous pouvons donc continuer notre route. Je me demandais : pourquoi ce policier nous a stoppés ? Y avait-il une infraction ?
Corruption même dans l’enseignement
Toujours à bord de notre bus, direction l’Université, là où sont forgés les cerveaux du pays. Ici, la corruption a un tout autre nom. Mais un nom beaucoup plus intellectuel. Ils appellent cela : « Branchement ! »
Le principe est simple : lorsqu’un étudiant – quoique studieux et intelligent – a réussi dans une matière, mais qu’il n’a pas acheté le syllabus de ce cours, le professeur bloque les points de cet étudiant jusqu’à ce que celui-ci l’achète.
L’autre forme de « branchement », beaucoup plus méchante consiste à bloquer les points de tous les étudiants qui n’ont pas corrompu l’enseignant, jusqu’à ce qu’ils « obtempèrent »… Ainsi pris en sandwich, les étudiants n’ont pas d’autres choix que de céder.
Pour en avoir été victime à plusieurs reprises durant mon cursus universitaire, je crois, quelque part, que c’est notre silence face à la corruption qui tue notre société.
Congo, pays émergent à l’horizon 2030 ?
Quelque soit le nom que nous pouvons lui donner, (branchement ou madesu ya bana), la corruption ruine notre société de la tête aux pieds. À cause de ce fléau, 55% des recettes publiques prennent des directions inconnues.
Chers gouvernants, faire de la RDC un pays émergent à l’horizon 2030 passe par l’éradication ou, au moins, la réduction du seuil de corruption dans le pays. Au regard des statistiques susmentionnées, nous en sommes encore loin.
top, c’est comme ça, précis. C’est pareil à Libreville et dans le temps à Moscou!