À chaque événement majeur en RDC, les réseaux sociaux ont souvent servi de catalyseurs à des mouvements sociaux, idéologiques ou politiques divers. Sous le règne de l’ancien président Joseph Kabila, les coupures d’Internet étaient fréquentes. On se souvient par exemple du Black-out de janvier 2019 avant la publication des résultats de l’élection présidentielle du 30 décembre 2018.
En plus de censurer les voix dissidentes et restreindre la liberté d’expression, les coupures d’Internet se sont avérés être un échec face à la montée de l’extrémisme violent et de la désinformation en ligne. C’est l’essentiel des positions exprimées lors du Dialogue intergénérationnel qui a réuni les acteurs de la société civile autour de cette problématique le 7 décembre 2023, à Kinshasa. La crainte d’une prochaine coupure face à la poussée de la désinformation et la multiplication d’acteurs malveillants sur les réseaux, a motivé Internet Society en RDC (ISOC RDC) à tenir ces échanges sous la facilitation du Forum des jeunes pour la gouvernance de l’Internet.
Une facture salée
Durant les différentes présentations, il a été établi, grâce à des outils de calculs mis à disposition par Isoc, que 6 jours sans Internet représentaient un manque à gagner de 20 millions de dollars pour la RDC. Des projections qui ont permis d’évaluer que le réseau représentait près de 1,5 % du PIB national. Un argument économique crucial, notamment pour les entités pour lesquelles, une coupure entraine des préjudices financiers.
Cela me rappelle un voyage dont l’embarquement a été perturbé suite à une panne d’Internet à l’aéroport international de Ndjili, le 18 juin 2023. La compagnie, a été obligée de procéder au check-in manuellement. Ce qui a pris du temps et causé du retard sur le plan de vol. L’absence de connexion perturbe également les opérations bancaires qui ne peuvent plus servir les clients aux guichets ou faire fonctionner les distributeurs automatiques de billets.
Les différents intervenants ont rappelé la nécessité d’un dialogue permanent entre les différentes parties prenantes, dans le but d’éviter des décisions unilatérales aux conséquences économiques et techniques désastreuses sur le plan international. En 2017, Afrinic, l’organisme chargé de gérer les adresses IP au niveau africain, menaçait de restreindre les accès aux gouvernements africains qui coupent ou censurent Internet. Le texte ne sera finalement pas adopté, mais présente clairement les implications internationales sur l’image d’un pays où Internet est censuré.
Le Dialogue intergénérationnel sur la coupure d’Internet en RDC a connu la participation de nombreuses autres organisations comme Si Jeunesse Savait, Africa Sans Haine, les Veilleurs du Web, HABARI et plusieurs chercheurs indépendants.