Si l’Etat ne trouve toujours pas d’argent pour payer décemment les enseignants du primaire et du secondaire en RDC, pourquoi ne pas procéder à des coupes dans les émoluments des députés ? Nos enseignants manquent presque de tout, alors que nos députés roulent carrosse.
Les menaces de grève des enseignants du primaire et du secondaire se répètent à chaque rentrée des classes depuis près de 20 ans en RDC. Les professeurs réclament de meilleurs salaires et la fin de la prise en charge de leurs émoluments par les parents d’élèves, conformément à l’accord signé à Mbudi, dans la banlieue de Kinshasa, en 2004. Cet accord prévoit des salaires décents et des conditions de vie sociale améliorées pour les enseignants.
Mais ces grèves ne servent à rien. Car, en effet, chaque fois que les enseignants du secteur officiel font la grève, l’enseignement fonctionne toujours grâce aux écoles privées.
L’incontournable école privée
Si toute tentative de grève est perdue d’avance pour les enseignants publics, c’est parce que certains parents d’élèves, qui ont peur d’années blanches pour leurs enfants, recourent systématiquement aux écoles privées. Mais l’Etat tombe aussi dans un piège en comptant sur celles-ci. Car ces écoles ne sont pas toujours qualitatives. En tout cas, en règle générale elles ne sont pas plus sérieuses que les écoles publiques, suivies de près par les inspecteurs. Les privées visent l’argent, et l’argent avant tout, la qualité vient après. Exception faite de quelques rares écoles élitistes.
Cette pratique désamorce les menaces de grèves des enseignants. C’est une démarche qui couvre l’incapacité de l’Etat qui peut ainsi prouver qu’il n’y a pas grève, en montrant des écoles en ordre de marche.
Le FIP supplante l’accord de Mbudi
Il faut le souligner aussi, la plus grande entrave aux grèves des enseignants du primaire et du secondaire ce sont les frais d’intervention ponctuelle (FIP). Il s’agit de cette sorte de bonus institué par les parents en vue de motiver les enseignants impayés ou sous-payés et prêts à aller en grève. Cette prise en charge des enseignants par les parents d’élèves est devenue malheureusement plus importante que celle de l’Etat. Si bien que les enseignants qui en bénéficient ne veulent plus arrêter avec ce système. L’Etat regarde et laisse faire.
Le danger de cette pratique c’est que l’école publique va continuer à être de plus en plus pauvre, y compris par la qualité des enseignements. Certains enseignants arrivent, affamés, pour travailler la moitié de la journée, et le reste, raconter des histoires, ou faire chanter les enfants. D’autres somnolent en plein cours, fatigués par l’âge et la pauvreté.
Au final, je me demande pourquoi on ne devrait pas couper dans les 4 ou 6 mille dollars mensuels des députés pour payer les enseignants qui ont moins de 100 $ comme salaire ! Les enseignants servent la nation pour l’avenir. Hélas, ils se trouvent paupérisés et oubliés.