S’il faut interroger l’histoire, la traite des noirs a été abolie en 1815 lors du congrès de Vienne. Les conclusions de cette conférence interdisent toute forme de discriminations à l’égard de n’importe quel peuple dans le monde. La RDC est une terre pleine d’histoire et de groupes ethniques dont certains connaissent jusqu’à l’heure actuelle une cohabitation difficile. C’est le cas des Pygmées et des Bantous du Tanganyika.
Jeudi 23 novembre 2023, les représentants de la communauté twa ont pris part à des consultations où ils ont dénoncé plusieurs formes de discriminations dont les Pygmées sont victimes. Ces discriminations ne leur permettent pas de jouir pleinement de leurs droits.
Voici à ce sujet, le témoignage d’Anastasie Kyungu Feza de la communauté twa lors de ces consultations : « La discrimination continue ; nous pouvons labourer les champs pour les Bantous et au final, ils refusent de nous payer.
J’ai obtenu un visa pour me rendre à Genève en Suisse. Quand je suis rentrée au pays, mes collègues Bantous à l’Université de Kalemie m’ont vraiment stigmatisée. Ils m’ont dit : ‘malgré cette bourse, je suis et je resterai Pygmée, donc sans progrès.’ »
Un autre témoignage est celui de Beauté Dilos Kyungu : « Je vivais à Nyunzu-centre quand le conflit entre Pygmées et Bantous a surgi. J’ai été menacé. N’eut été les Nations-Unies, on nous aurait tués, moi et ma famille. J’ai gagné un contrat avec le PAM. Et quand je suis arrivé à Kabalo, j’ai subi les mêmes menaces, parce que je suis Pygmée, jusqu’à ce que j’ai perdu mon boulot.
J’avais 12 têtes de chèvres quand le conflit a commencé. Les Bantous sont venus, ils ont pris toutes mes chèvres. Ils les ont toutes mangées. C’est vraiment une vengeance folle. »
Pour sa part, Justin Kadiba, toujours de la communauté twa, a expliqué comment il avait pris son courage pour aller étudier à Kalemie : « Quand mon père voulait m’envoyer à Kalemie pour mes études, mes oncles, mes tantes et mes frères de la communauté m’ont découragé. Ils ont dit à mon père que je serais tué à Kalemie, parce que les Bantous tuent les personnes de la communauté twa. Heureusement, j’étais déterminé à y aller pour finir mon cycle secondaire et commencer l’université. Et j’y suis arrivé. »
Bref, toutes ces formes de discriminations démontrent clairement que la communauté des Pygmées a été la plus marginalisée et discriminée dans le Tanganyika. Ces discriminations ont été répertoriées, en vue de faire une analyse minutieuse visant à mettre fin aux stigmatisations et à la marginalisation des Pygmées.
Au cours de ces consultations avec les représentants de la communauté twa, les participants ont émis le vœu de voir le gouvernement congolais assumer ses responsabilités en mettant un terme à ces discriminations et en permettant à la communauté pygmée de jouir pleinement de ses droits.
« Que le gouvernement congolais assume ses responsabilités. La communauté des Pygmées doit être protégée et sécurisée. L’éducation reste pour nous la priorité, car c’est la seule arme qui puisse nous aider à fin à toute forme de discrimination et de marginalisation à notre égard », a déclaré un autre participant à ce forum.
Comme les stigmatisations, les discriminations et la marginalisation continuent, il importe que le gouvernement et les agences humanitaires assument leur responsabilité pour que les Pygmées jouissent de tous leurs droits.