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Les droits des femmes en RDC : où en sommes-nous ?

Célébrée le 8 mars de chaque année, la journée internationale des droits des femmes est une occasion de faire le bilan sur la situation des droits des femmes dans le monde. A cet effet, plusieurs initiatives et évènements ont lieu partout dans le monde pour faire le point sur ce qui a été fait et ce qui reste à faire concernant les droits des femmes. Qu’en est-il en RDC ?

Il faut avouer qu’au Congo-Kinshasa, plusieurs efforts ont été fournis par différents acteurs en vue de la réalisation effective de différents droits reconnus aux femmes. Toutefois dans les faits, la femme congolaise fait encore l’objet de discriminations dans la jouissance de ses droits fondamentaux.

L’égalité des sexes : entre progrès et stagnation

D’après l’ONU, l’égalité des sexes n’est pas seulement un but en soi, elle est aussi un élément essentiel au développement durable, à la croissance économique, à la paix et à la sécurité. D’ailleurs, la recherche confirme que les sociétés s’améliorent au bénéfice de tous leurs membres lorsque les droits des femmes sont respectés et pris au sérieux.

L’article 1er de la Déclaration universelle des droits de l’homme dispose que « tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont dotés de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité ». Toutefois, dans la pratique, les inégalités de fait et de droit persistent encore à l’égard des femmes.

Si l’on prend l’exemple dans le domaine politique, la représentation de la femme dans les organes du pouvoir a varié, mais il ne s’agit pas d’une amélioration significative. En 1996, seulement 2 femmes étaient ministres contre 22 hommes, 38 femmes parlementaires contre 699 hommes, 1 femme vice-gouverneur contre 22 hommes gouverneurs et vice-gouverneurs.

En 2006, seulement 5 femmes étaient élues sénatrices, et 42 femmes députés sur 500 députés nationaux. En 2011, seules 44 femmes sont élues députés contre 456 hommes à l’Assemblée nationale. En 2018, 50 femmes sont élues députés contre 450 hommes à l’Assemblée nationale, au gouvernement de la République, 15 femmes ministres (soit 27 %), dans un gouvernement de 56 membres, et en 2023, selon les résultats provisoires publiés par la Céni,  61 femmes sont élues sur un total de 477 députés nationaux élus.

Ces chiffres révèlent bien le fait qu’à ce jour, la femme congolaise ne participe pas pleinement aux affaires publiques sur un pied d’égalité avec l’homme. Sa participation au processus de prise de décision, tant au niveau communautaire que national reste encore faible.

La violence domestique : une atteinte « banalisée » aux droits des femmes

Concrètement, la violence domestique désigne « les actes de coercition sexuelle, psychologique, physique contre des femmes adultes et adolescentes, sans leur consentement, par un partenaire ou un ancien partenaire ». Dans sa forme la plus extrême, la violence domestique entraine la mort de la victime. Elle demeure ainsi un facteur significatif contribuant aux homicides des partenaires intimes. En RDC, au cours de l’année 2022 par exemple, plus ou moins trois femmes ont perdu la vie du fait des violences domestiques.

Malheureusement, ces conséquences inacceptables sont encore loin de changer l’attitude de la communauté qui, de manière générale perçoit la violence domestique comme un fait « normal » entre partenaires. Et cette perception surprenante de la communauté résulte en grande partie des normes ou croyances culturelles néfastes transmises aux hommes comme aux femmes dès l’enfance.

Pour mémoire, dans plusieurs cultures congolaises, les filles sont élevées de manière à s’en remettre à l’autorité de l’homme considéré comme un « être supérieur ». De leur côté, les garçons apprennent à être dominateurs. Cette conception définit ainsi les rapports de force entre les sexes au foyer. Ensuite, ces normes régulant ces rapports façonnent à leur tour la manière de considérer ou de tolérer la violence à l’égard des femmes.

En conclusion, s’il ne fait aucun doute que la femme congolaise a connu un retentissant épanouissement ces dernières années, il reste néanmoins que l’égalité des droits entre l’homme et la femme est loin d’être établie dans les faits. Le poids des traditions continue à maintenir la femme congolaise dans une situation d’inégalité manifeste par rapport à l’homme. Il est donc nécessaire que l’Etat congolais, voire d’autres acteurs intéressés, accélèrent la sensibilisation du grand public sur les droits humains des femmes. Cela permet de contrer les normes culturelles contraires à « l’ordre public ou aux bonnes mœurs » et de développer des comportements sociaux respectueux des droits des femmes.

 

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