Je ne le dirais jamais assez : la structuration de notre football laisse à désirer. Et les résultats tant au niveau africain que mondial sont là pour le démontrer. Le sport favori des Congolais est malade de ses dirigeants et de ses cadres. Diagnostic d’un mal qui ronge ce qui réunit la population au-delà des appartenances sociales et politiques.
Le mardi 5 septembre dernier, les réactions des supporters des Léopards étaient unanimes. Il était incompréhensible que la rencontre RDC-Tunisie se termine par 2 buts partout. Les Congolais ayant mené au score par 2 buts à zéro pendant plusieurs minutes. Beaucoup n’ont pas tardé à remettre en cause le fonctionnement même de notre football. Un fonctionnement caractérisé par un amateurisme criant et surtout l’incurie de nos dirigeants.
Un manque de vision au sommet des instances décisionnaires
La Fédération congolaise de football brille par l’impréparation, l’improvisation et le manque de vision. Elle préfère naviguer à vue. Il ne s’agit pas ici uniquement de remettre en cause la gestion du président de cette Fédération, Constant Omari. Mais il se trouve que ce système de navigation à vue règne en maître depuis plusieurs décennies dans ce sport. On ne se rend compte des erreurs qu’à l’occasion d’une cuisante défaite des Léopards.
Le manque de vision que je dénonce ici n’est pas seulement le fait d’être incapable de déterminer ou de projeter les résultats qu’on souhaite atteindre à court et à moyen terme. Mais c’est aussi l’absence de préparation du football des moins de 18 ans. Rarement notre pays participe aux compétitions de jeunes au niveau international. Au niveau national, un jeune peut passer de la catégorie junior à la catégorie sénior sans être passé par une école de football.
Pas assez de cadres bien formés
Si pendant longtemps on a dû recourir à des techniciens français ou belges qualifiés, c’est parce qu’on n’en trouvait pas assez parmi les fils du pays. Que les défenseurs de ces derniers me l’accordent. Certes, c’est un Congolais qui dirige aujourd’hui la sélection nationale. Une sélection qu’il a réussi à qualifier pour un quart de finale de coupe d’Afrique lors de la CAN Gabon 2017. Mais ils sont combien ceux qui peuvent prétendre à la succession de Florent Ibenge ? La réponse est si évidente.
Parmi les maux qui rongent le football congolais figurent la quasi inexistence de techniciens nationaux de haut niveau, mais aussi la quasi inexistence de joueurs d’envergure mondiale. N’allez pas me citer les multiples talents dont regorge la sélection nationale. La plupart sont une émanation des écoles de football européen. On ne peut donc pas les considérer comme des purs produits de notre système. Certes, il y a eu un Trésor Mputu ou un Biscotte Mbala, mais citez-moi ne seraient-ce que 20 autres talents de ce genre directement sortis de nos clubs nationaux ? Il n’y en a presque pas.
La base de l’émergence de n’importe quelle équipe nationale ce sont de bons joueurs recrutés et formés localement. Ensuite les binationaux formés en Europe ne viendront que pour renforcer l’ossature. Au vu des problèmes majeurs que nous avons évoqués, je peux affirmer que le foot congolais est encore un sport de rue.