Dans l’ombre des génocides mondialement reconnus, le Congo porte le fardeau de ses propres tragédies. Des millions de vies congolaises ont été perdues au fil des décennies, mais nos morts restent privés de mémorial et de commémorations officielles dignes de ce nom.
Alors que les regards se tournent vers le Rwanda qui commémore les 30 ans de son propre génocide, la République démocratique du Congo et ses millions de morts restent dans l’oubli. Nos dirigeants sont incapables de construire un mémorial et de fixer une date précise pour une commémoration annuelle et régulière de nos morts. Effet, il faut une journée chômée dans notre calendrier officiel et qui sert à la méditation, à la prise de conscience et aux commémorations.
L’Initiative du Genocost
Le génocide rwandais de 1994 a eu des répercussions dévastatrices sur la RDC. Les guerres qui ont suivi ont entraîné des pertes massives, mais le terme « génocide » n’est pas encore officiellement reconnu par les instances internationales. Les cimetières où reposent les victimes congolaises sont à l’abandon, aucun mémorial pour les victimes !
La seule initiative qui rappelle ces atrocités est le Genocost (Génocide pour des gains économiques), initiative d’une plateforme d’action de la jeunesse congolaise. Pourtant, il semble que nous attendons la reconnaissance et l’intérêt des autres pour notre propre génocide avant de nous y intéresser.
Nos martyrs oubliés
Même nos martyrs, célébrés tous les 4 janvier, manquent de mémorial. Seul le stade des Martyrs rappelle cette tragédie. Au cours de son histoire, le Congo a été le théâtre de trois génocides majeurs. Le premier remonte à l’époque de l’esclavage, où plusieurs millions de Congolais ont perdu la vie. Plus tard, entre 1885 et 1908, le roi des Belges, Léopold II, a orchestré un autre génocide qui a coûté la vie à plus ou moins 10 millions de personnes. Le souverain exploitait le pays comme sa propriété privée.
Il est temps que nous honorions nos morts avec davantage de respect et de commémoration.