Cimetière entre Ciel et Terre, Nécropole de la N'sele, Kinshasa 2018, @HabariRDC
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Incinérer les morts pour se révolter contre la profanation des cimetières ?

La profanation des tombes et la spoliation d’une partie du cimetière de Penga-Penga, à Lubumbashi, ont suscité l’émoi le 1er août 2019. Dans cette indignation quasi générale, certains Lushois proposent carrément l’incinération de nos morts. Puisque finalement au Congo, l’Etat ne sait plus s’occuper correctement des cimetières.

Le 1er août, c’est la journée des parents. A Lubumbashi, les gens ont l’habitude d’entretenir les tombes de leurs proches décédés. À Penga-Penga (vidéo), le recueillement avait cédé la place à l’indignation, et à la consternation. Puisque ce jour-là, plusieurs n’ont pas retrouvé les lieux de sépulture de leurs proches. Sur le lieu en plein cimetière, des jeunes gens fabriquaient des briques. Parfois, ce sont des maisons d’habitation qui sont érigées par endroit.

Des ossements humains tirés de leurs tombes, des croix arrachées et éparpillées ou mélangées, des tombes béantes et défoncées… Le spectacle était désolant. Si unanimement dans une bronca, tout le monde condamne l’inertie de l’Etat à juguler cette crise dans les cimetières lushois, certaines voix se lèvent pour demander carrément l’instauration de l’incinération.

Et si l’incinération était la solution chez nous ?

Mis à part les cimetières privés, tous les cimetières publics de Lubumbashi sont en piteux état. C’est à se demander ce que la mairie fait de l’argent perçu sur chaque inhumation. Or, les cimetières privés sont trop coûteux.

« Je pense que c’est l’occasion idéale d’ouvrir le débat sur l’incinération, propose Ben Muriel sur Facebook. Il poursuit : « Le problème du non-respect des morts est très profond, il commence déjà dans les familles. Il n’y a qu’à voir les conditions dans lesquelles sont entretenus ces fameux cimetières pour comprendre qu’on n’enterre pas, on jette les corps. Alors si on n’a pas les moyens d’enterrer dignement son proche dans un vrai cimetière, mieux vaut l’incinérer. »

Dans un message posté sur son mûr Facebook, Le journaliste Dilungidi Nlandu abonde dans le même sens : « La profanation courante de tombes à Lubumbashi pose de sérieuses questions sur notre morale collective et nos rapports face à nos us et coutumes… Et voilà des gens qui bâtissent des villas sur des ossements, des squelettes, des pierres tombales sans aucun remords. Après avoir suivi cette dérive innommable, je réfléchis sur le bien-fondé de l’incinération…. »

La proposition de l’incinération ne rencontre cependant pas l’assentiment de beaucoup de Congolais. Claude Yumba, de Lubumbashi par exemple, pense que l’on devrait plutôt respecter nos morts et nos coutumes plutôt que de les réduire en cendres. « L’incinération c’est bien. Mais en tant qu’Africains, nos traditions doivent être scrupuleusement respectées », estime-t-il.

Mais selon Mulopwe Kayumba Ghislain, il faudra avant tout que les gens s’adaptent à l’incinération des morts. Ce qui risque de prendre du temps. En revanche, il estime que le problème qui se pose est plutôt « l’impunité qui a pour conséquences tout ce qu’on vit » au Congo comme désordre. Autrement dit, plus il y aura d’ordre dans la gestion de la chose publique, mieux s’organiseront divers domaines de la vie.

Et vous, êtes-vous pour l’incinération des morts ?

 

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