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Inondations à Kinshasa : le changement climatique est réel

La fin de l’année 2023 à Kinshasa a été marquée par de très fortes pluies qui ont perturbé la circulation et la vie des habitants. À côté des rues inondées et de tronçons routiers transformés en torrents d’eaux, le fleuve Congo, qui longent plusieurs communes de la capitale, a atteint l’un de ses plus hauts niveaux (5,94 m au-dessus de son niveau moyen), se rapprochant dangereusement du pic de 6,26 mètres atteint en 1961.

Cette crue a forcé de nombreux habitants de Kinshasa vivant le long du fleuve Congo à évacuer. Dans le quartier Kinsuka Pêcheurs, près de la résidence du président de la République, les paillotes et restaurants installés le long du rivage ont fermé. La carrière à graviers installée sur une île dénommée Mimosa et dont le pont sert de repère pour jauger le niveau des eaux est totalement engloutie et invisible.

L’un des sites touristiques les plus connus du coin (Kinsuka Beach) a vu sa salle de banquet submergé sous 10 mètres d’eau. D’habitude, les périodes de fortes précipitations sont plus longues (cinq ou dix ans), mais le changement climatique a réduit cet intervalle selon Merger Tshomba, chercheur en conservation de la biodiversité à l’Université de Kisangani.

La convention-cadre sur le changement climatique, organisée par le ministère de l’Environnement en 2009, établissait déjà des projections sur les variations des paramètres climatiques dans le pays. Ce qui concorde avec la situation observée aujourd’hui. Ces scénarios indiquaient un raccourcissement de la saison des pluies à partir de 2020 dans l’ex-Katanga (qui passerait de 7 à 5 mois) où les agriculteurs se plaignent du manque de pluie en fin d’année 2023.

Les prévisions des scientifiques ne présagent rien de bon si le cadre de gouvernance environnementale nécessaire à la résilience au changement climatique ne suit pas. Très peu est fait pour inciter les entrepreneurs à développer des activités qui exercent moins de pression sur l’environnement. Ce sont toujours les mêmes industries qui produisent le plastique non recyclable qui atterrissent dans nos rivières et les caniveaux. Les mêmes citoyens qui construisent sur le lit des rivières, rétrécissant davantage leurs surfaces.

À Kinshasa, plusieurs mètres de déchets se sont consolidés sous le sol de nombreux quartiers comme à Limete et dans des communes marécageuses comme Makala, rendant le sol imperméable aux eaux de pluie, favorisant ainsi les inondations et le lessivage du sol qui créent des érosions. Le sol ne jouant plus son rôle naturel de filtrage de l’eau grâce à ses propriétés microbiologiques et chimiques, devient dès lors, un facteur de contamination qui menace la nappe phréatique et contamine nos rivières. Le prochain gouverneur de Kinshasa devra orienter sa politique sur la résilience climatique, afin d’anticiper et de gérer les défis environnementaux auxquels est confrontée notre ville.

 

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