Après la pluie, c’est rarement le beau temps à Kinshasa. On ferait mieux de dire plutôt qu’après la pluie dans la capitale, ce sont les morts et les dégâts matériels. Les pluies diluviennes du 6 et 7 avril 2024 ont encore une fois endeuillé la capitale, faisant huit morts. Dans un pays où le sens de la prévention et de la précaution n’existe pas, nous nous sommes habitués à ce scénario à chaque saison de pluie.
Les images qui sont passées à la télévision nationale après les pluies du 6 et 7 avril à Kinshasa faisaient froid dans le dos. Des routes totalement inondées, des voitures littéralement englouties dans les eaux sales, de véritables rivières coulant en pleine ville, des milliers de bouteilles plastiques charriées et nageant dans les torrents tels des poissons… par-dessus tout, des morts : huit personnes d’une même famille ont perdu la vie dans ce déluge. Selon les témoignages, « un mur d’une parcelle voisine leur est tombé dessus ».
A qui la faute ?
Lorsqu’il y a tant de morts et de dégâts matériels, les responsabilités doivent être établies. Et le problème en RDC c’est l’impunité à tous les niveaux. Je doute que ce qui est arrivé à Kinshasa soit dû au changement climatique. A mon avis, le premier coupable c’est l’État congolais. Chaque année, nous déplorons ce genre de catastrophes et des vies humaines emportées. Mais nos autorités ne prennent aucune disposition significative pour que de telles tragédies ne se reproduisent à l’avenir.
Le deuxième coupable c’est la population elle-même qui ne se soucie jamais de la protection de son propre environnement. C’est elle qui bouche les caniveaux en y jetant régulièrement des bouteilles plastiques et d’autres déchets divers. C’est elle qui a érigé des constructions anarchiques sur les lits de certains cours d’eau et même en travers de certaines rues, empêchant ainsi le passage normal des eaux de pluie. Le directeur général de l’Office des voiries et drainages Victor Ntumba Tshikela a toujours dénoncé cette situation.
Pour construire un bâtiment, il doit y avoir une autorisation de bâtir. Mais qui d’autre la délivre si ce n’est pas l’État ? Le 18 mars 2024, on a vu un immeuble de sept ou huit étages en construction s’affaisser en plein centre ville à Gombe, mettant en danger la vie de la population. Sa construction s’est faite sans aucun respect des normes ! Et l’État congolais était incapable de désigner le propriétaire de l’immeuble. Preuve qu’il appartenait aux puissants intouchables qui vivent dans cette ville de Kinshasa…
Une seule solution : la prison !
Pour moi, la solution aux problèmes d’inondations ne pourra commencer que quand les hauts fonctionnaires du service de l’urbanisme et habitat séjourneront quelques mois, voire quelques années à la prison centrale de Makala. Pareil pour ceux qui jettent des déchets dans les caniveaux ou encore ceux qui ont érigé des constructions en travers des lieux de passage des eaux ! Un stage à Makala les poussera certainement à revenir à la raison.