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Jordance Bin Luba : l’avortement, un crime banalisé ?

Interrompre volontairement une grossesse devient une pratique courante pour de nombreuses femmes. Dans la société congolaise, où l’avortement est interdit par la loi, la société reste très conservatrice sur cette question.

Dans la poésie chantée « les larmes d’un avorton », le jeune artiste de Butembo Jordance Bin Luba porte la voix d’un fœtus avorté qui demande à celle qui aurait pu être sa mère pourquoi elle l’a tué. Sa chanson fait un tabac dans la ville de Butembo, et l’artiste est engagé dans la lutte contre ce qu’il appelle « crime banalisé».

Ne jamais manquer cette chanson

Si je me mets à vous partager ces quelques phrases, c’est parce que j’ai moi-même écouté cette chanson d’abord une fois, puis deux, puis trois… Bref, plusieurs fois. A l’entame, l’artiste chante : « Assoiffé du monde, maman m’isole. » C’est le début d’un parcours de trois minutes et quarante secondes de concentration et de méditation dans ce morceau qui exprime le malheur d’un enfant avorté. L’artiste donne la parole à un enfant avorté et demande pourquoi il n’a pas été autorisé à savourer la vie comme les autres enfants. « J’aurais voulu être appelé fils ou fille, connaitre le monde comme d’autres enfants. J’aurais voulu avoir des amis, avoir l’amour comme d’autres enfants. Envie de pouvoir me sentir dans tes bras en tant qu’enfant. Oh ! Maman, comment t’as pu faire ça à ton enfant, comment t’as pu te faire si méchante ? », s’exclame le fœtus avorté.

À entendre ces paroles, un paradoxe me vient à l’esprit : Certains Etats du monde, criant pourtant chaque jour le droit de tout être humain à la vie ont légalisé cette cruauté qu’est l’avortement. J’exige donc ici des explications pour comprendre en quoi leur démarche respecte ce principe cher de la sacralisation de la vie.

D’un simple texte à un vrai engagement

L’artiste explique que son inspiration pour ce morceau vient du fait de la recrudescence des cas d’avortements dans son milieu. Comme l’avortement est interdit, c’est dans la clandestinité qu’on l’organise. Cet engagement est renforcé par un texte qu’il a étudié en sixième année du secondaire, « Laisse-moi vivre maman ». À ce sujet, l’artiste Jordance relate :

« Je ne me suis pas renseigné sur l’auteur, car aussitôt lu, j’ai décidé d’en faire un poème personnel. J’ai voulu de cette manière faire parler mon cœur avec une énorme émotion pour dénoncer ce qui me fait le plus mal. »

« T’aurais dû me laisser vivre ma vie, choisir ma voie et être l’homme de mes rêves… »

Cette phrase, on peut l’entendre à la deuxième minute et vingt secondes de la chanson. La rage de l’artiste s’enflamme. C’est la déception ! Car, pour lui, le futur d’un enfant  avorté reste un mystère, un abysse qui ne sera jamais découvert. « J’aurais pu être Mamadou, mourir pour mon peuple et être une légende. J’aurais pu être Mandela, sauver le monde entier par mon courage. J’aurais pu être Jordance, chanter et divertir le monde sans cesse», se déchaine l’enfant avorté. Mais rien de tout ceci n’est plus possible : la femme n’a pas autorisé la vie par un extrême égoïsme !

En retour, l’enfant dit haïr sa mère pour ce qu’elle lui a fait. Il dit à sa mère : « C’est vrai que tu t’es débarrassée de la charge, mais sache que jamais de ma haine. Si tu me donnais la vie t’aurais pu être sage et avoir une bonne image. Pourquoi tu comptes mieux faire ton ventre en envoyant tes propres enfants au cimetière ? »

L’artiste suspend sa plainte sur une série des « j’aurais pu (être)… » et se perd dans des larmes.

Attention, il faut réfléchir avant d’agir !

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Les commentaires récents (11)

  1. Poignant ? Pathétique ? A la fois poignant, pathétique et. magnifique ? Je manque de mots (pour une fois !) En tout cas, bravo à l’artiste !

  2. Jordance a une inspiration, il laisse chanté son cœur,
    la chaçon fait coulé les larmes, courage à l’artiste.