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Justice transitionnelle : Tshisekedi et Kabila obligés de collaborer ?

Début mars 2022, la ministre de la Justice a lancé à Kalemie dans le Tanganyika, les consultations nationales en vue de mettre en place les mécanismes de justice transitionnelle sur les crimes graves commis en RDC. Mais, à mon avis, une telle démarche ne peut aboutir sans l’implication de Joseph Kabila. Même après son départ du pouvoir, il reste incontournable dans la politique en RDC.

Plusieurs activistes des droits humains réclament cette justice transitionnelle depuis près de deux décennies. Parmi les voix qui comptent, il y a celle du prix Nobel de la paix, Dr Denis Mukwege.

Une justice transitionnelle

Très engagé en faveur des femmes victimes de violences sexuelles, Mukwege milite en faveur d’une justice qui devrait juger les crimes graves que le Congo a connus depuis 1990. Ils ont été documentés dans un rapport connu sous l’appellation de « Rapport mapping ».

Ce rapport porte notamment sur les crimes de guerre, crimes contre l’humanité sur la période des guerres les plus violentes de la terre depuis la seconde guerre mondiale. Beaucoup de groupes armés soutenus par des pays voisins, le Rwanda notamment, ont perpétré des crimes et des atrocités graves en RDC.

Avec une justice transitionnelle, l’idée est de mettre sur pied une juridiction internationale qui puisse juger les responsables de ces crimes. Le problème, c’est que beaucoup de suspects sont encore puissants, membres des institutions politiques, etc. D’où l’échec de ce processus depuis plusieurs années. Et le rapport mapping semble moisir dans les tiroirs.

Engagement politique déterminé

Il faut donc un engagement politique conséquent et beaucoup de détermination pour que ces puissants répondent de leurs actes, qui qu’ils soient. Et c’est tout l’enjeu de ce dossier. Puisqu’une telle décision ne saurait se réaliser sans faire des mécontents, voire susciter des vengeances de la part de ceux qui ne voudraient pas répondre de leurs actes.

Et c’est là justement qu’intervient l’engagement de Félix Tshisekedi en tant que président de la République. D’abord parce qu’il s’est montré favorable à l’idée d’une telle justice. Il s’agira enfin d’engager la RDC sur une voie qui permette de conjurer les maux qui minent le pays. Le plus important c’est d’arriver à établir les responsabilités et enfin, oser la réconciliation nationale.

Joseph Kabila et Félix Tshisekedi encore

Or, dans sa situation actuelle, faite d’alliances politiques plus ou moins fragiles, Félix Tshisekedi ne saurait réaliser une telle entreprise sans fâcher et se fragiliser. D’où l’importance de se mettre d’accord avec le « gros poisson » qu’est Joseph Kabila. Car c’est probablement dans le camp de celui-ci qu’il faudrait redouter le plus de mal.

Alors, Tshisekedi a intérêt à composer avec Kabila pour qu’une telle entreprise puisse réussir. Voilà qui oblige encore les deux leaders à collaborer. C’est à mon avis, la seule condition pour espérer le succès de cette justice transitionnelle. Puisque, c’est sûr, les auteurs de violences anciens et actuels vont tenter d’intimider ou de faire gripper la machine.

Mais cette justice transitionnelle parvient à se concrétiser, le pays aura réussi à réaliser une avancée qui marquera son prochain cinquantenaire. Il faut le faire, c’est le Congo qui gagne!

 

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