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Kinshasa : quand la presse oublie son rôle

Lundi 19 et mardi 20 septembre, des affrontements dans les rues ont conduit à de nombreuses violences. A Kinshasa, les habitants ont essentiellement écouté la radio pour s’informer. Mais aucune information précise n’est alors donnée pour aider les citoyens.

Lundi 19 septembre 2016, depuis ma résidence à Limete, une commune urbanisée et authentique de la capitale congolaise, la pendule indique 6h, le thermomètre 26°. Sur le petit boulevard, les bus « esprits de vie » circulent avec des passagers à bord qui ne redoutent rien de grave en ce jour de manifestations projetées par des partis politiques de l’opposition. Des messages rassurants tournent en boucle dans les journaux du matin. Selon le gouverneur de province, tout est mis en œuvre pour maintenir la tranquillité des personnes non impliquées comme ce fut le cas lors des derniers meetings. 

Rassurée par ce message de la presse, je quitte mon domicile à destination de La Gombe, la commune prestigieuse de Kinshasa. Ici, le climat politique et social est ordinaire. Un simple coup de fil, j’apprends qu’ailleurs, ça tire de partout et que certains manifestants sont en possession d’armes ; étrange tout de même ! En somme, la situation a dégénéré du côté de Limete, à quelques mètres de ma résidence. Pourquoi la presse n’en a pas parlé ? Je m’étonne !

Prise de peur, je tente de recouper l’information pour savoir si je peux regagner ma résidence. Mon premier réflexe est d’écouter la  radio. Quelle ne fut pas ma déception ! On y diffuse des programmes de sport, des émissions culturelles et de la musique. Bref, la grille des programmes reste statique, comme si tout allait normalement.

Si c’était ailleurs, en Occident peut-être, les médias auraient consacré une édition spéciale aux évènements afin de nous raconter minute après minute, l’évolution de ladite manifestation. Question de tenir la population informée instantanément et ainsi éviter autant que possible les surprises fâcheuses. Malheureusement ici, nous sommes à Kinshasa, pas en Occident.

Bloquée dans le centre-ville, à Gombe,  je choisis de ne pas me connecter sur internet. Je préfère faire  une veille médiatique des radios nationales et internationales. Le constat est identique sur toutes les chaines de radio.

« La chose à faire quand on se retrouve dans un trou, c’est de cesser de creuser »

A l’heure de chaque édition, on nous sert un journal purement politique où seuls les acteurs politiques se rejettent la responsabilité des débordements. Mon questionnement ici est celui de savoir pourquoi ne pas modifier le contenu des messages à diffuser ? Les émeutes de lundi se sont poursuivies le mardi à Kinshasa. Pourquoi les médias ne donnent pas la parole à des leaders sociaux et non des politiques pour diffuser des valeurs de paix et d’apaisement, de non violence, de promotion de tolérance, de respect des droits humains et des symboles de l’Etat ?

Finalement, je n’ai pas pu regagner ma maison le premier jour. Déplacée pendant une journée, j’ai été victime de l’impuissance de nos radios congolaises.

Mon vœu est de voir nos médias, essentiellement les radios, utiliser à bon escient le pouvoir qu’ils détiennent. La vie est sacrée. L’accès à l’information est un droit inaliénable.

 

 

 

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