À chaque pluie diluvienne, des inondations défigurent la capitale congolaise, la transformant en un torrent d’eaux usées qui saturent les voies publiques et causent des dégâts et des pertes en vies humaines. La pluie, symbole de bénédiction dans les zones rurales parce qu’elle arrose les plantations, est au contraire une source de malheurs à Kinshasa. Doit-on détruire ou refaire la capitale ?
Répondant à cette question, le directeur de l’Office des voiries et drainage, a pointé du doigt une politique de lotissement sauvage qui laisse les particuliers construire sur les emprises publiques, gênant ainsi les opérations de curage des collecteurs et des caniveaux dont le rôle est d’évacuer les eaux. De plus, les conclusions de la commission gouvernementale chargée d’étudier la question des inondations ont révélé de nombreux dysfonctionnements structurels des services publics, l’incivisme des habitants et la vétusté du réseau de drainage qui n’a pas été modernisé depuis plusieurs décennies.
Les démolitions
Parmi les options à court terme, la destruction des constructions anarchiques et l’évacuation des marchés pirates ont été entreprises par les autorités de la ville. Dans des communes comme Barumbu, Yolo ou Lemba, l’opération a révélé des caniveaux ensevelis dans des maisons de particuliers, mais aussi sous des bars et des hôtels qui obstruent le passage des eaux. Même le cimetière de Kinsuka a fait les frais de cette quête effrénée de terres, avec des habitations érigées sur des tombes ou presque, empêchant les proches des disparus de s’y recueillir. Un spectacle qui a mis à nu le manque de fermeté des services urbains et l’expansion incontrôlée de la ville. Le calendrier électoral n’aura pas permis d’achever ces démolitions qui se sont arrêtées, et certaines bâtisses détruites sont en train d’être reconstruites.
Faut-il tout refaire ?
Zones inondables, pentes ou flancs de collines à la merci du phénomène d’érosion, de nombreux quartiers de Kinshasa se sont développés dans une anarchie sans nom. Sous les lignes hautes tensions jadis érigées dans des sites broussailleux, les appétits des personnes en quête de terres pour construire ont pris le dessus. Le long des lits des rivières se sont développées des bâtisses qui en ont réduit le passage et provoquent d’inévitables inondations. La gestion inefficace de déchets domestiques et industriels n’arrange pas les choses. Si détruire et reconstruire est politiquement risqué, l’extension de la ville sur sa superficie non construite est la seule option pour déplacer les 15 millions d’habitants concentrés dans un petit espace dans la capitale.