Depuis 5 ou 10 ans, la consommation des liqueurs artisanales communément appelées « Zododo » a plus d’ampleur à Kisangani, capitale de la Province de la Tshopo. Les autres boissons à forte dose d’alcool sont aussi vendues comme des morceaux de manioc grillé. Même des mineurs en consomment malheureusement.
Dans toutes les 6 communes que compte la ville de Kisangani, les jeunes comme les vieux s’adonnent à la consommation des liqueurs sans tenir compte de leur degré d’alcool. Le matin dès le réveil, comme le soir au couché en passant par les heures de la journée, les consommateurs de ces boissons se regroupent autour des points de vente.
Cette pratique s’observe aussi sur les lieux de deuil : la nuit ou durant la journée. Après avoir vidé leurs bouteilles de Zododo, des jeunes s’engagent à « faire monter leur teneur » c’est-à-dire le plus souvent, à créer des troubles ou scandales. Parfois, sous l’effet de ces boissons, des jeunes bloquent des voies principales, ou ils imposent le transport du défunt sur les épaules plutôt que dans un corbillard.
Quelles conséquences pour les « Zododo » ?
Chaque année, l’alcool cause des millions de morts dans le monde. L’OMS précise, en effet, que le fait de consommer les boissons alcoolisées est porteur d’un certain potentiel social et sanitaire nocif pour le buveur comme pour les autres. Certains méfaits sont immédiats, notamment les traumatismes et autres méfaits associés à l’intoxication ou à une concentration levée d’alcool dans le sang.
D’autres, par ailleurs, le sont à plus long terme, avec des effets dommageables cumulés sur la vie familiale ou professionnelle.
Alain Betule, médecin stagiaire aux Cliniques Universitaires de Kisangani, rappelle à ce sujet que l’abus d’alcool nuit à la santé. Il est toxique pour plusieurs organes dont le cerveau, le foie, etc. Il entraîne, au niveau psychique, une dépendance et accroît les risques de lésions traumatiques, des troubles neuropsychiques, des cancers, des infections, des maladies cardiovasculaires.
Aussi l’alcool a-t-il des effets négatifs sur le système digestif, entrainant le cancer de l’œsophage et de gastrite aiguë et l’ascite. La consommation des boissons à forte dose comme le « Zododo » pendant la grossesse, selon ce médecin, peut avoir aussi des conséquences néfastes à la vie pour l’enfant à naître.
Ce qui est étonnant, c’est de constater que la vente de ces boissons fortement alcoolisées n’est pas encadrée par des mesures réglementaires strictes. Que des enfants consomment des ligueurs, c’est aussi dangereux et irresponsable vis-à-vis de la postérité.