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La guerre des médias 

En cette période des grands tumultes politiques, plusieurs organes de presse ne cessent de prendre position en faveur d’un camp politique. C’est une violation de la déontologie journalistique. 

Lors des récentes manifestations populaires du 19 septembre, qui ont dégénéré en violences, nous avons assisté à un triste positionnement partial des chaines de télévision, radio et des journaux dans leur traitement de l’information. Au Congo, impossible de parler de la neutralité des médias. 

«Alternons les chaines pour en savoir un peu plus sur l’actualité sinon on sera mal informé ! » me disait un membre de ma famille à la maison alors que nous regardions la télévision. En RDC, beaucoup de médias perdent leur crédibilité car ils sont partiaux prenant même parfois position publiquement pour un camp politique !

Le fanatisme dans la presse congolaise

La chaîne publique, la radio télévision nationale congolaise (RTNC), ne diffuse presque aucune information se rapportant aux opposants du régime. L’exception se fait lorsqu’ils sont accusés ou quand il y a des informations négatives contre eux. Seuls les officiels en costume sont présentés en grande pompe sur cette chaîne.

Il en est de même pour les chaînes proches de l’opposition bien qu’elles soient moins nombreuses que celles du gouvernement. Si elles diffusent des informations gouvernementales c’est seulement pour critiquer et elles ne font jamais mention des réalisations positives de l’Etat.

Lors des récentes manifestations de l’opposition exigeant le respect de la constitution le 19 septembre à Kinshasa, la RTNC n’a diffusé que des images de vandalisme des manifestants de l’opposition.

Pourtant, des images de la police auraient aussi été intéressantes à montrer aux téléspectateurs car des tirs à balles réelles, des arrestations arbitraires et des confrontations physiques avec les manifestants ont eu lieu ce jour là. Les forces de l’ordre sont censées encadrer et protéger les manifestants. En ne montrant qu’une seule facette de la réalité, les médias nous livrent une information biaisée.

Cette absence de neutralité et d’impartialité dans le traitement de l’informations constituent de graves entorses au code déontologie et à l’éthique journalistique.

La presse est prise en otage car la majorité des journaux, radios et télévisions appartiennent personnellement aux acteurs politiques. Les actionnaires utilisent donc les médias pour faire la promotion de leur carrière politique et des membres de leur clan, oubliant au passage le rôle traditionnel de la presse : informer et éduquer la masse populaire.

En 2013, j’ai moi-même fait l’expérience de cette censure dont sont victimes beaucoup de journalistes dans les rédactions. J’avais été envoyée couvrir une manifestation populaire. La foule protestait contre le délabrement des routes à Goma. Il y eut des morts et des blessés après un accrochage entre la police et les manifestants. De retour à la rédaction, je croyais revenir avec un scoop et j’étais loin d’imaginer que je me ferais presque réprimander. « Cette information ne sera pas diffusée. Ces manifestants sont instrumentalisés par l’opposition ! » m’avais dit le directeur de rédaction d’un air autoritaire.

La presse internationale et en ligne comme derniers recours

En réalité, cette chaîne privée de télévision à Goma où je travaillais à l’époque était proche de la majorité présidentielle. Une grande partie des revenus générés par la direction des finances, était obtenue grâce à des enveloppes délivrées par des membres du pouvoir.

Avoir une information indépendante en RDC n’est pas chose aisée tout simplement parce que les médias manquent de revenus. Les politiciens ayant bien compris l’importance des médias en sont les principaux actionnaires . Alors pour s’informer il faut suivre la presse internationale qui a un traitement de l’information plus ou moins objectif.

Aujourd’hui, beaucoup de gens ne connaissent même pas les noms des médias locaux à Goma. C’est déplorable. Quel dommage de devoir suivre nos propres informations sur les ondes d’une radio émettant depuis l’Europe alors que nous pourrions le faire localement. Avec le développement des connexions internet, certains choisissent les médias en ligne et les réseaux sociaux pour s’informer mais notre accès à l’information reste limité. Que l’Etat subventionne la presse congolaise et qu’il mette en place des mécanismes pour que les politiciens se tiennent à l’écart du financement des médias !

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Les commentaires récents (1)

  1. permeter moi le terme pour quelle raison vos informations politique ne son pas publier au diffuser ala radio (R.T.N.C).