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Lettre ouverte au ministre Tony Mwaba, un Warrior qui recule

Monsieur le ministre, quand j’ai entendu parler de vous pour la première fois, vous vous opposiez au recrutement d’agents fictifs pour gonfler les effectifs des enseignants. Une action initiée par votre prédécesseur voulant récompenser les membres de son parti en leur octroyant des matricules. La gratuité de l’éducation était alors en danger.

Conférences, déclarations et plaintes feront finalement reculer ce ministre qui aujourd’hui est locataire du pavillon VIP de la prison centrale de Makala.

A la reconfiguration de la majorité, votre engagement a poussé le président a vous placer à la tête de l’enseignement primaire, secondaire et technique. Ce fut, un ouf de soulagement pour moi et pour beaucoup d’autres Congolais qui voyaient en vous une marque de courage et d’intégrité.

Et puis la sextape des élèves

Je reviens ici sur l’affaire de ces élèves apprentis acteurs de pornographie, dont les ébats filmés ont choqué l’opinion publique. En moins de 24h, vous êtes passé du ministre ferme et défenseur des valeurs morales qui approuvait leur mise à l’écart du système scolaire, à celui d’un ministre qui, sous la pression des nionsologues, a fait volte-face. Un revirement qui m’a déçu, d’autant plus que vous venez de prouver que le réseau d’enseignement catholique est plus strict sur la morale que le reste du système éducatif (dont celui public), où vous donnez la chance à ses élèves de rééditer leurs exploits, peut-être cette fois-là sans caméra.

Un warrior ne recule pas

Pourtant, vous êtes un guerrier, un warrior de Sama Lukonde. Comment un guerrier peut-il avoir peur du bruit ?

Sachez que l’histoire gardera cette image de votre peur d’assumer votre rôle de garant de la morale publique. Mettre ces élèves sur le banc aurait été un signal, un message fort lancé aux apprentis acteurs qui comme eux, tirent notre système éducatif vers le bas. Est-ce leur qualité d’électeur potentiel qui vous a fait fléchir ? Nous ne le saurons peut-être pas.

Car, si votre collègue des droits humains qui fustige le fait que 2.000 kuluna aient été déportés hors de Kinshasa et qui vous parle des droits de l’enfant, que dire des femmes du gouvernement (dont votre vice-ministre), quand elles voient votre laxisme face à un phénomène que votre revirement ne fera qu’amplifier ?

J’ai peur pour mes nièces et ma future fille. Peur qu’elles étudient dans un système que vous n’avez pas eu le courage de briser.

 

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