article comment count is: 0

Levée du moratoire sur la peine de mort : un retour en arrière inquiétant

Le gouvernement de la République démocratique du Congo a annoncé la levée du moratoire sur la peine de mort. Cette décision, prise dans le but de punir les traîtres au sein des forces de défense et de sécurité, et autres bandits de grands chemins, suscite une vive controverse. Ce revirement est d’autant plus préoccupant que le président de la République lui-même a récemment qualifié la justice congolaise, dont il est le garant, de « malade ».

La question de l’efficacité de la peine capitale se pose avec acuité. Si d’autres peines existantes ne sont pas correctement appliquées, comment justifier le recours à une mesure aussi extrême ? L’ancien ministre de l’EPSP Willy Bokonga par exemple, avait été condamné à trois ans de prison le 30 avril 2021 par la Cour de cassation pour blanchiment d’argent et transfert illicite de capitaux vers l’étranger. Mais il s’est miraculeusement retrouvé en liberté six mois plus tard et siégeant au Parlement sans que personne n’y trouve quelque chose à y redire.

Un système judiciaire défaillant

Si la peine de mort avait été appliquée en son temps, aujourd’hui, Eddy Kapend n’aurait pas été élevé au rang de général de brigade et nommé commandant de la 22e région militaire (Haut-Katanga) des Forces armées de la République démocratique du Congo. Pourtant, il a avait été condamné à mort dans un procès dont l’issue avait laissé un sentiment d’injustice. La RDC pourra-t-elle éviter d’autres procès similaires ? On ne peut pas le dire.

Dans ce contexte de dysfonctionnement judiciaire, la levée du moratoire sur la peine de mort n’éveille-t-elle pas le soupçon d’une instrumentalisation de la justice pour éliminer des opposants ou des personnes gênantes ?

Il est impératif d’ouvrir un débat public approfondi sur cette question cruciale. La peine de mort est une mesure irréversible aux implications morales et sociétales considérables.

Plutôt que de recourir à la peine capitale, il est crucial de s’attaquer aux causes profondes de l’insécurité et de l’impunité qui gangrènent le pays. Renforcer l’État de droit et garantir l’indépendance de la justice sont des pistes à explorer.

 

Est-ce que vous avez trouvé cet article utile?

Partagez-nous votre opinion