Début févier 2023, Habari RDC, avec l’accompagnement de ses partenaires, a donné une série de formations au profit de 100 jeunes issus des organisations de la société civile, des journalistes et des leaders locaux sur les modes de communication digitale et ses risques qu’ils comportent. Ces formations ont eu lieu dans la ville de Baraka, mais aussi dans localité de Bibokoboko et ses environs.
Toutes ces formations ont permis de renforcer les connaissances des jeunes en matière d’usage responsable des plateformes digitales et de les initier au fact-checking en ligne. Objectif : combattre les discours de haine et les fausses nouvelles sur les réseaux sociaux, à la base de la manipulation au sein des communautés locales et de leur diaspora.
Au Sud-Kivu, spécialement dans le territoire de Fizi, ces formations interviennent dans un contexte de conflit latent et de tension alimentés, entre autres, par la propagation de fausses nouvelles, des appels à la violence tribale, des discours de haine et des manipulations politiques en ligne, principalement sur les réseaux sociaux. Pour les participants, c’est une première expérience qui devrait s’intensifier à long terme.
David Ngirimukiza, chef du village à Bibokoboko qui a participé à la formation, témoigne : « C’était une importante séance de formations pour nous la population qui recevons au quotidien des messages de tout genre sur les réseaux sociaux. Des messages propagés massivement. Pour nous, c’était l’occasion de renfoncer nos capacités sur la gestion des réseaux sociaux et leurs risques. On nous a montré ce qu’il faut faire. Avant de partager une information, il faut la vérifier, s’assurer qu’elle vient d’une source sûre, car beaucoup de fausses nouvelles circulent. »
Discours de haine et fausses informations au cœur de la déstabilisation
Pour le chef du village de Bibokoboko, les fausses informations, ont déjà été source d’insécurité, d’angoisse et de déplacement massif des populations dans son village. Il explique : « Les fausses nouvelles sont vraiment un problème pour nous. Par exemple, des messages circulaient sur les réseaux sociaux disant qu’à telle date, notre village sera attaqué par un groupe armé, mais au final c’était faux. Voilà pourquoi cette formation est importante pour savoir bien analyser toute information avant de la partager. »
La gestion d’informations reste un défi par exemple pour Étienne Budederi, agent sanitaire à Fizi et participant à la formation. Selon lui « Cette formation est arrivée au moment opportun. Elle nous a outillés à la gestion des informations, savoir quand et comment les partager. Nous avons des téléphones pleins de messages d’incitation à la haine intercommunautaire. Des messages qu’on partage sans penser aux conséquences, notamment les divisions et les conflits entre communautés, surtout que nous sommes dans une période de guerre ».
La propagation de fausses nouvelles et de discours de haine a augmenté dans la zone. Cela a contribué à renforcer la méfiance et à donner lieu à des actions violentes. Les activités de déstabilisation, de désinformation et de manipulation se passent essentiellement sur le réseau social WhatsApp. Ces messages restent une menace pour la paix durable et la stabilité de la région.
Rappelons que ces ateliers ont été organisés par Habari RDC dans le cadre du projet Tunaweza en partenariat avec les ONG Solidarité des volontaires pour l’humanité (SVH), Union des groupes d’étude et d’action pour le développement de Fizi-Itombwe (Ugeafi) et Radio Maendeleo.
*Cet article est publié dans le cadre du projet Tunaweza financé par PNUD RDC