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Marché central de Kinshasa : dix mois après la fermeture, le site semble abandonné

Le marché central de Kinshasa est fermé depuis le 20 janvier 2021 pour rénovation. Le samedi 20 novembre, soit 10 mois après cette décision de l’autorité urbaine de Kinshasa, j’ai fait un tour au site du marché. Le constat est amer : le chantier est abandonné, du moins jusqu’à présent.

Je suis arrivé vers 13h devant l’enclos en tôles du marché central de Kinshasa. Devant moi, une file indienne se forme. Il ne s’agit pas des touristes, mais des passants qui utilisent désormais le site du marché comme raccourci.

Payer pour passer

En effet, depuis l’érection de cette clôture pour les travaux, les passants sont obligés soit de contourner, soit de se frayer un chemin à travers les décombres du marché central. Un poste de péage illégal est né à cet endroit. Les policiers commis à la garde du site font payer pour traverser le marché. Contre 500FC, j’ai eu moi-même le droit de traverser.

Mon objectif était plutôt d’observer l’avancement des travaux. Dès mes premiers pas, le constat est décevant : les travaux n’ont jamais débuté. La démolition d’anciennes structures se poursuit à pas de tortue. Ici et là, plusieurs dépôts non encore démolis sont transformés en habitations de fortune par les enfants de rue. L’un d’eux remarque ma curiosité et signale à un policier.

Policiers et enfants de rue cohabitent

Il faut dire qu’entre les policiers et les enfants de rue, l’entente est conviviale sur le site du marché. « Civile, tu es suspect ! », me lance un policier en m’intimant l’ordre de montrer mon téléphone. Une altercation s’en suit, c’est ma carte de presse qui me permet de sortir des griffes du lion, non sans y laisser des plumes, disons plutôt quelques billets de banque.

Désormais, j’ai l’autorisation de circuler librement dans le marché, mais sans prendre des photos. Plus j’avance, plus mon constat se confirme : ce sont 10 mois perdus, rien n’a été fait.

Dans plusieurs endroits du chantier, des dépotoirs se sont formés. A côté, ce sont des tables qui sont entassées. « Elles appartiennent aux vendeurs et ont été confisquées lors de multiples opérations Kin Bopeto (Kinshasa ville propre). Leurs propriétaires doivent payés une amende avant de les récupérer », m’explique le policier devenu mon guide.

Aucune date avancée pour le début des travaux

Officiellement, les travaux doivent prendre 15 mois pour une superficie de 40.000 km² et une capacité d’accueil de 62.000 vendeurs. Les ingénieurs français de Sogema, maitre d’ouvrage, sont à Kinshasa depuis mars. La maquette est arrivée en mai et est exposée au Musée national. En août dernier, le gouverneur a annoncé le début imminent des travaux. Trois mois plus tard, statu quo.

Personne ne sait identifier clairement d’où vient le blocage. Plusieurs personnes contactées à l’Hôtel de ville nous ont rassuré que les travaux devraient finalement débuter avant la fin de l’année.

Les vendeurs se plaignent

Pendant ce temps, les Kinois, vendeurs et acheteurs, se plaignent. Un des vendeurs rencontrés lance un cri de détresse : « Depuis presque une année, je vends dans des conditions difficiles, exposé aux intempéries. Ils n’ont rien fait de concret. Apparemment, il s’agissait plus d’un règlement des comptes que d’un souci de réhabiliter le marché. »

De son côté, un acheteur évoque plutôt les difficultés de localiser les vendeurs : « Aujourd’hui, il est difficile de savoir exactement où se procurer une denrée spécifique. Avec la fermeture du marché, les commerçants se sont dispersés. » L’un et l’autre appellent à la réouverture rapide du marché.

 

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