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Massacre de Yumbi : conséquence d’un redécoupage territorial non préparé ?

Au mois de décembre dernier, des conflits intercommunautaires ont eu lieu à Yumbi dans la province de Maïndombe. D’après un communiqué de l’ONU, plusieurs centaines de morts ont été enregistrées à la suite de ce qui s’apparente à des opérations planifiées de tueries de masses entre les communautés Banunu et Batende. Quelle peut être la cause de cette terrible situation ?

La province de Maïndombe est issue du démembrement de l’ancienne province du Bandundu. Dans mon esprit, c’était l’une des rares provinces d’où ne pouvaient en aucun cas venir d’aussi terribles nouvelles que des affrontements intercommunautaires meurtriers. D’après le blogueur Aimé Kazika, que j’ai interrogé, le Maïndombe est une province qui était largement acquise à l’opposition, malgré le fait que son gouverneur, Gentiny Ngobila, était soutenu par le pouvoir de Kinshasa. En outre, deux ethnies de cette province, les Banunu et les Batende, ont toujours eu à se disputer le pouvoir coutumier au fil du temps.

« Je pense que l’Etat et les organisations de la société civile auraient dû prêter attention aux prémices de ces affrontements intercommunautaires dont la lutte de pouvoir entre les ethnies Banunu et Batende », affirme Aimé Kazika. De son point de vue, on a toujours cru que toutes les régions de l’ancien Bandundu sont paisibles et on a négligé de mener des actions de pacification préventive.

Conflits qui rappellent d’autres types de drames

Ceci dit, j’ai aussitôt pensé au très meurtrier conflit Kamwina Nsapu qui a endeuillé la région du Kasaï au cours de dernières années du second mandat de Joseph Kabila. Le déroulement des évènements s’effectuait sur fond de conflits coutumiers plus ou moins anciens. Les conflits coutumiers mal gérés ou volontairement provoqués ont été à l’origine de milliers de drames au Congo.

« Je ne saurais expliquer précisément comment on en est arrivé aux affrontements meurtriers entre Banunu et Batende dans le Maïdombe. Mais je suis convaincu que les conflits de pouvoir en ont été à l’origine », poursuit Aimé Kazika.

A noter que le manque de précision sur les péripéties et les contours de ces massacres a été remarquable dans le Kasaï et le Maïndombe.

Le découpage territorial comme catalyseur

Le Bandundu était une province grande comme la France où vivaient plusieurs communautés qui n’avaient pas beaucoup de raisons de transformer leurs luttes coutumières en guerre civile. Mais dès lors que l’on a procédé au redécoupage territorial conformément à l’actuelle Constitution congolaise, on a eu de petites provinces où vivent parfois deux communautés rivales. Dans le Maïdombe vivent aujourd’hui essentiellement les Banunu (majoritaires) et les Batende (minoritaires). Et notre blogueur Aimé Kazika de conclure : « Dans un tel contexte, tout est réuni pour que les vieux conflits tribaux finissent en affrontements meurtriers. Sachant que la personne qui incarne le pouvoir d’Etat, en l’occurrence le gouverneur de la province, est elle-même protagoniste de la crise car issue de l’une ou l’autre des deux communautés. »

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Les commentaires récents (3)

  1. Triste de vivre telle expérience qui nous convaint d’oeuvrer davantage pour sensibiliser les communautés à s’accepter…

  2. Le découpage territorial n’est pas le catalyseur de cet événement mais il est issu de cette lutte pour le leadership en lien avec les rapports entre les différentes tribus qui sont attisés par les personnes au pouvoir. Ces dernières voulant acquérir une légitimité qu’ils n’avaient pas dans leur passé. Les terres ancestrales de chacune des tribus sont connues mais certaines personnes au pouvoir veulent changer les données en utilisant la force publique en dépit de tous les droits humains.