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Mon expérience de villageois en Europe

Le terme villageois ou mbokatier est souvent péjoratif en RDC, particulièrement à Kinshasa. Il tend à rabaisser certaines personnes qu’on veut faire passer pour des étrangers ou des gens pas à la mode et qui viennent troubler la quiétude et le style de vie en ville. Qu’en est-il alors de ces Kinois qui ont vécu ou vivent en Europe dans des villages reculés ? Je vous raconte ma propre expérience.

Quand je débarque en Allemagne, cette Allemagne récemment réunifiée, tout est froid. Je ne suis encore qu’un petit Zaïrois vivant dans une petite famille qui s’est installée à Wendeburg, une petite commune de la Basse-Saxe. Les habitants sont pour la plupart très âgés et nous sommes entourés de fermes. Il n’est pas rare de marcher sur une bouse de vache ou de sentir trainer dans l’air l’odeur des produits de ferme.

Un matin, la police est venue frapper à notre porte, car un voisin avait signalé que nous gardions toutes nos lumières allumées la nuit. Difficile de passer inaperçu quand on est noir. Beaucoup sont curieux de savoir d’où on vient. D’autres par contre ont peur, parce qu’ils se disent que quand une famille noire arrive et s’installe, d’autres finiront par emboiter le pas.

L’intégration : le pari difficile des Congolais

Mais la plus grande difficulté réside dans l’intégration dans la société allemande. Beaucoup d’étrangers qui y arrivent vivent dans un système de ghetto, se fréquentant uniquement entre eux. J’ai même rencontré des gens arrivés plusieurs années avant moi et qui ne parlaient que quelques mots d’allemand, sans plus. À quelques 40 km de là, Hildesheim est le QG de la mini-communauté congolaise du coin. C’est là où, le temps d’un week-end, on entend parler lingala, tshiluba ou on mangeait du fufu avec du pondu (très cher).

Les Allemands de cette époque avaient un style de vie assez différent de la sociabilité africaine qui nous caractérise. Il était fréquent de vivre avec des gens qui ne vous adressaient jamais la parole toute l’année et qui, le temps de Noël, deviennent très sociables et chaleureux pour redevenir froids et distants l’année qui suit. Comme les Suisses, les Allemands ont une sainte horreur du retard. Quelques minutes de retard suffisant pour que vous vous fassiez des ennemis pour la vie. Même les Allemands qui travaillaient en ville, mais vivaient avec nous dans la campagne, n’étaient pas très appréciés, du moins à mon époque.

Mais heureusement, tout le monde à Wendeburg n’était pas aussi peu sociable. J’ai rencontré des gens qui étaient très ouverts d’esprit. Était-ce parce qu’ils avaient voyagé ? Je ne sais pas. Quoi qu’il en soit, j’ai découvert de cette expérience au village, l’importance que les gens attachent à la famille, à la terre (pour les fermiers) et à certaines valeurs. Ce qui rapproche les villageois européens de ceux de nos pays africains.

 

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