Chacun de nous est appelé à penser à l’orphelin. Cet enfant sans défense, qui n’a pas eu la chance de grandir avec les parents et qui est délaissé de tous, parfois exploité à des fins pécuniaires par des personnes malhonnêtes. Le poète nous appelle à venir en aide à l’orphelin, pour qu’il se sente aimé comme les autres enfants du monde.
L’orphelin
Il demande son pain au coin de l’avenue ;
La faim l’accable ! Il n’a ni frère, ni parent.
Il est sujet de rire et de ce que l’on hue
Pour avoir vu le jour dans un destin errant ;
Cet enfant dont je parle et que vomit ta vue,
Qui n’est pas de ta vie, ni même de ton rang,
Qu’avec dégoût tu vois comme une âme inconnue,
A comme toi un cœur, un cerveau et du sang.
Tu l’as vu se frayer la voie dans la cohue ;
Repoussé, redouté comme un voleur d’argent,
Tu l’as vu piétiné, mais ta bonté s’est tue
Devant ce faible enfant, et qui se meurt au vent.
Il a droit à un toit : nul n’est fait pour la rue !
Il a droit au bonheur comme tout bel enfant ;
Il a droit à la science et non à la cigüe ;
Il a droit à l’amour, à un nouvel élan !
Ne le regarde pas d’un regard de statue !
D’amitié, de pitié, d’affection, tendrement
Couvre son terne corps ; et sa personne nue
Revêts-la de noblesse ou d’un bonheur vivant.
Ainsi se dressera le nouvel humanisme
Quand nous pourrons enfin voir dans l’autre regard
Notre propre destin ; quand notre égocentrisme
Noyé dans la douceur se laissera déchoir.
Notre planète bleue au cœur de l’altruisme
Oubliera les terreurs de nos ombres du soir,
Les conflits des tribus, des langues… le racisme.
Nos cors résonneront pour un nouvel espoir.
Et ce pauvre orphelin quittera son autisme
Pour enfin découvrir son foyer de départ,
Le foyer qu’est le monde où le divin lyrisme
Apporte à tout esprit la bonne vie et l’art.
Il demande son pain au coin de l’avenue,
Il n’est pas de ta vie, ni même de ton rang ;
Tu l’as vu piétiné, mais ta bonté s’est tue
Pour lui donner l’amour et un nouvel élan…