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Phénomène Mobondo : une autre preuve de la faiblesse de l’Etat ?

Depuis juin 2022, le territoire de Kwamouth dans le Maï Ndombe est le théâtre d’affrontements entre deux tribus : les Teke et les Yaka. Officiellement, le conflit a déjà fait 300 morts, beaucoup plus selon des sources indépendantes. Ce conflit a donné naissance à une terrible milice dénommée « Mobondo ». Elle terrorise les populations de plusieurs provinces et se retrouve désormais aux portes de la capitale.

« Aujourd’hui, Kwamouth est pratiquement pacifié ». Cette affirmation du vice-Premier ministre de l’Intérieur Peter Kazadi lors du briefing presse du 10 juillet 2023 est loin d’être la réalité sur le terrain. Les populations continuent de vivre avec la peur au ventre dans le territoire de Kwamouth et ses environs en raison de l’activisme de la milice Mobondo.

Lundi, les éléments Mobondo ont coupé la route sur l’axe routier Kwamouth – Masiambio. Selon Martin Suta, président de la société civile de Kwamouth, les assaillants ont également bloqué un véhicule de l’Unicef en route pour Kinshasa.

« Ils sont organisés. Dans ce coin-là, c’est Cobra qui est le commanditaire. Jusque-là, même pour les 13 motos ravies, on attend seulement l’ordre de Cobra pour ordonner que les motards de Kwamouth récupèrent leurs motos. Cette route permettait aux motards de nous ramener le manioc pour la survie de Kwamouth. Kwamouth n’est plus alimenté, la route reliant Kwamouth-Masiambio est barricadée à partir de Nsele », a-t-il déploré sur les antennes de Télé 50. Une sortie médiatique qui met à mal la version du gouvernement qui soutient que la situation se serait calmée. La réalité est que la persistance de ce phénomène Mobondo révèle les faiblesses de l’Etat congolais à exercer son autorité dans cette partie du pays.

À la base, un conflit de terres

La gestion du conflit par les autorités laisse en effet à désirer, alors que tout est parti d’un conflit de terres. Dorian Kisimba, journaliste et originaire de la région, s’étonne d’ailleurs des proportions qu’a prises le conflit : « Tout est parti des taxes. Les Yaka louaient les terres moyennant une contrepartie des productions. Du jour au lendemain, les Teke ont majoré la taxe, ce que les locataires ont refusé d’exécuter. »

Selon le récit du journaliste, c’est un chef coutumier qui a envenimé la situation. « Il a opté pour la justice au lieu de l’arbre à palabre pour gérer le différend foncier. Et chez les autochtones, cela a été vu comme un feu étranger », explique le journaliste.

Ces faits, qui se sont déroulés au premier semestre de l’année 2022, ont encore des conséquences aujourd’hui. A Kwamouth, l’enrôlement des électeurs n’a pu être effectué. La méthode dure adopté par le gouvernement semble montrer ses limites, car malgré les multiples condamnations et la mise à contribution de l’armée, la situation est loin de s’améliorer. Bien au contraire, le phénomène Mobondo s’étend désormais dans les autres provinces de l’Ouest : Kwango, Kwilu, Kongo Central et même Kinshasa.

En mai dernier, le gouvernement avait rejeté l’idée de toute négociation. Deux mois après, de l’eau est passée sous les ponts et un forum de paix est envisagé. Pourvu que ça marche et que la paix revienne.

 

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