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Attention au philtre d’amour !

J’avais toujours pensé que l’une des raisons principales pour lesquelles un homme délaisse sa femme légitime pour s’attacher à une femme libre c’est peut-être une meilleure cuisine. Outre un meilleur accueil, naturellement. Après avoir lu le « Précis d’anthropologie médicale » d’Albert Diambila Luboya, je commence à me demander si dans les recettes de cette cuisine merveilleuse n’entre pas comme ingrédient le fatal philtre d’amour !

Elle était plutôt laide, mais sa cuisine était succulente. Elle tenait à son domicile un restaurant-bar où elle cuisinait les mets les plus délicieux. Un de ses clients, un brillant chef d’école, a fini par s’attacher à elle. Au point, notez-le bien, de déserter le toit conjugal et délaisser totalement sa femme légitime. Celle-ci alliait pourtant de la plus pure beauté, à la plus grande gentillesse. Tout le monde avait pitié de lui, le déserteur ! Tout le monde avait pitié de sa femme aussi.

Mais il semblait avoir perdu toute faculté de raisonnement, toute faculté de logique et de bon sens. Il ne pouvait plus supporter le moindre conseil, considérant comme son pire ennemi toute personne qui essayait de le redresser. Il était devenu « esclave de sa passion amoureuse ». C’est bien ainsi que décrit Albert Diambila Luboya, la personne victime du philtre d’amour.

Qu’est-ce que c’est le philtre d’amour ?

Selon le Petit Larousse, nous dit Albert Diambila, le concept de philtre d’amour signifie : « Breuvage magique propre à inspirer l’amour. » Pour obtenir l’amour, il est des gens qui utilisent plusieurs astuces. Albert Diambila s’est intéressé surtout aux techniques et procédés qui entrent dans le domaine de l’alimentation. Disons, comme en Uruund : « Vuramen ! », pour dire, de l’impératif du verbe oublier (kuvuramen), « oublie ! ».

« Les différents ingrédients du philtre d’amour sont ajoutés le plus souvent à la viande fraîche, au poisson frais et aux légumes tels que les amarantes, l’oseille, les épinards, l’hibiscus, bref aux condiments les plus ordinaires, de manière à camoufler les ajouts pour ne pas susciter la curiosité de la personne concernée. Les femmes, ayant le monopole de la cuisine, ont la faculté d’ajouter les ingrédients au repas de la personne visée », explique l’auteur.

Et quels sont ces ingrédients ?

Il y a des éléments matériels ou naturels qui entrent en jeu : terre, eau ayant servi à la toilette intime ou à celle d’un cadavre !  D’autres sont biologiques, le liquide vaginal par exemple ; ou encore, anatomiques (poils, viande, sang, excréments), zoologiques et religieux (prière, incantation, invocation, rites), etc.

Tous ces ingrédients ont un symbolisme rituel. Ainsi, le scarabée, nous dit Albert Diambila, a l’habitude d’enfouir ses excréments dans le sol. Même si on le chasse, il revient toujours là où il y a des excréments. Ainsi, par son utilisation dans les autres ingrédients, on veut que l’homme visé lui ressemble en rôdant continuellement autour de celle qu’il aime. L’usage des excréments parmi les ingrédients a pour but de réduire la personne visée à une bête.

Qui sont les victimes du philtre d’amour ?

En effet, poursuit l’auteur, il n’y a qu’une bête qui peut manger ses propres excréments. « On ôte ainsi à la personne visée toute faculté de raisonnement et de discernement, écrit-il. Le morceau de viande fraîche gardée dans le sexe garantit que l’homme désiré n’aura de préférence exclusive que pour le sexe où était logée la viande en question. »

Généralement, ce sont les hommes riches, parce qu’ils sont enviés par les femmes. Tout ce qui brille n’est pas or. Tout ce qui est appétissant n’est pas innocent !

 

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