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Port de Matadi, également point de départ des migrants clandestins

Pour les Congolais qui ont des moyens, les démarches pour quitter le pays sont plutôt simples. Il suffit d’avoir son passeport et de faire sa demande de visa à l’ambassade du pays où l’on veut se rendre. Une fois le visa obtenu, payer son billet d’avion, se rendre à l’aéroport et quitter le pays.

Malheureusement, certains (souvent des jeunes) choisissent l’immigration clandestine. Il y en a qui ont réussi à aller à l’étranger clandestinement en s’infiltrant dans certains bateaux à partir du port de Matadi. Une voie dangereuse, parfois mortelle. Comme vous le savez, Matadi dans le Kongo Central, est une ville qui abrite le plus grand port de la République démocratique du Congo.

Le travail difficile des dockers

Sur une colline surplombant la ville, se trouve le quartier Nkala Nkala. C’est là que vous retrouvez les dockers. Leur travail est de charger et de décharger les bateaux, avec tous les risques que cela comporte. On les a surnommés « lusombo ».

Etre lusombo c’est accepter un salaire de misère, un salaire dérisoire qui ne permet pas même aux plus courageux de joindre les deux bouts. La majorité des dockers s’adonne à des pratiques illicites pour survivre. C’est un travail précaire, exigeant et dangereux. A tout moment, vous pouvez perdre une jambe, un bras ou carrément la vie. Souvent, ceux qui se blessent dans ce travail, sont abandonnés à eux-mêmes.

Des dockers parmi les clandestins

En réalité, beaucoup de jeunes sont devenus dockers au port de Matadi avec un objectif : celui de s’infiltrer un jour dans un bateau comme migrants clandestins pour quitter le pays vers l’Europe, l’Asie ou l’Amérique. En bossant au port, ils posent des questions aux équipages de navires qui viennent ou qui repartent. Ils prennent ainsi suffisamment de renseignement sur la destination des navires.

Le fait qu’une bonne partie de dockers de Matadi soient polyglottes est un avantage pour communiquer avec les étrangers. Même sans avoir fait de grandes études, beaucoup se débrouillent en anglais, en russe, en mandarin, en ukrainien, etc. Et à force de côtoyer les blancs qui viennent avec leurs navires au port de Matadi, ils ont fini par parler un peu leurs langues.

Dès qu’une occasion se présente, certains de ces jeunes dockers embarquent en cachette et s’en vont à l’étranger. Malheur au clandestin qui sera attrapé dans le bateau en plein voyage sur la mer !

Bien s’informer sur le pays de destination du navire

Pour quitter le pays, même clandestinement, il faut connaitre les destinations des navires. De nombreux clandestins négligent ce petit détail. Ils embarquent simplement et c’est tout, sans connaître où va le navire. A ce sujet, un docker m’a raconté une anecdote : une fois quelques clandestins de Matadi cachés dans la cale d’un navire, croyaient arriver dans un pays d’Europe, alors que le navire accostait plutôt au port de Boma ici même en RDC. Ils ont été pris, menottés et emmenés par la police congolaise.

Mais le fait que certains soient souvent arrêtés, n’empêche pas les autres (dont des dockers) de tenter leur chance de partir clandestinement pour chercher une vie meilleure en Asie ou en Occident .

 

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