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#CoronaBitumbaTe : parfois rester à la maison peut rendre nerveux

Alors que maris et femmes passent désormais le plus de leur temps à la maison, il est nécessaire de veiller à tout ce qui peut constituer  « une occasion de chute » pour l’un ou l’autre. D’expérience, je sais que les accès de colère, les frustrations et toutes sortes de mauvaise humeur peuvent parfois avoir pour source un problème aussi banal que la gestion de la télécommande d’un téléviseur.

Soyons clair, je ne cherche pas à donner une leçon de tolérance aux couples. Je cherche juste à attirer l’attention sur les sources de violences en famille en cette période de Covid-19. Ma démarche s’inscrit évidemment dans le cadre de la bien nommée campagne #CoronaBitumbaTe de Habari RDC.

Une affaire de télécommande

Comme le montre le dessin de mon ami Kash Thembo, c’est un père de famille convaincu qu’il n’y a que le sport qui compte en cette période, alors que la plupart des événements sportifs sont à l’arrêt. Il lui vient alors l’idée de confisquer la télécommande pour son propre plaisir. Il n’en faut pas plus pour susciter la colère de la maitresse de la maison. Cette petite scène est à mon sens très illustratif de la dynamique des violences domestiques, elle devrait permettre de réfléchir à des mécanismes de prévention.

Top 5 des « occasions de chute »

Outre la question ô combien sensible de la gestion de la télécommande, je dirais que d’autres raisons de tensions dans les ménages sont :

  • L’abus d’alcool et d’autres substances stimulantes : la fermeture des bars et restaurants n’implique pas forcément la baisse de la consommation d’alcool. Bien au contraire, le fait de rester à la maison à longueur des journées est encore une incitation pour les uns à « se souler la gueule » ou encore à fumer un joint avec une fréquence qui frise l’adduction. Et l’on sait que le lien entre adduction et comportement violent est établi.
  • L’effet psychologique lié au confinement : vivre cloîtré entre quatre murs c’est si dur pour des gens qui passaient le plus clair de leur temps en divagation, au travail, dans les embouteillages, etc.
  • La perte de revenu liée à l’arrêt des activités économiques : la crainte de ne plus pouvoir assurer les dépenses de la maison peut conduire à des comportements violents de la part de certains époux. Surtout quand ceux-ci ont toujours lié leur fierté au fait de dépenser sans compter.
  • La difficulté ou l’impossibilité de s’adapter à la nouvelle donne : on ne peut pas sortir, on ne peut pas recevoir non plus. Cette situation est un vrai cauchemar.
  • La difficulté à impliquer les tiers dans la résolution des différends : l’implication des membres de familles, des amis ou d’autres relations (églises ou collègues de service) dans la résolution des conflits est très bénéfique surtout pour des jeunes couples. Mais alors que les visites et les sorties sont limitées, il y a risque que les uns et les autres choisissent de régler les choses par la violence. Ce qui est dommage.

Et l’Etat dans tout ça ?

Je trouve que l’Etat a un rôle à jouer surtout dans la prévention. L’Etat peut s’appuyer sur l’expérience des organisations de la société civile pour apporter une réponse. Le fait que les gens sont contraints de rester à la maison tous les jours est assez inédit. A mon avis, cela a pour corollaire les violences domestiques dont nous déplorons l’ampleur à ce jour. L’Etat peut initier des programmes de sensibilisation en utilisant les médias comme la télévision et la radio, sans oublier les médias sociaux.

 

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