Depuis des décennies en RDC, on peut bien dire qu’on a tout pour parler d’un non-Etat. S’insulter devient presqu’une coutume entre ceux qui aspirent à la gestion du pays. Et des individus pèsent plus que la République. Rien d’étonnant car les antivaleurs sont devenues normales et on a finalement l’impression que cela n’émeut personne. Je pense qu’il faut un peu de civisme et de patriotisme.
En RDC, en effet, je ne connais personne qui ait déjà redoublé de classe pour manquement en civisme. Cela ne veut pas dire que les inciviques n’existent pas. Mais, des écoliers recalés pour avoir obtenu de mauvaises « côtes » en anglais, en français ou en religion, oui, j’en connais. Pareil en math. Des centaines !
Pourtant, il semble bien qu’il y ait manque criant de civisme dans nos écoles, y compris parmi les chargés d’initiation au civisme ou à la « nouvelle citoyenneté ».
Nous ne sommes pas des robots
On croirait que ce pays ne forme que des machines, des hommes sans cœur. Presque pas de valeur partagée entre tribus, sinon le tribalisme entretenu par certaines personnes. Entre hommes politiques, on ne rêve pas ; on retient d’eux surtout des discours mensongers qui font qu’ils se ressemblent. Qu’ils proviennent de grandes écoles du monde et du pays, ou de la masse populaire, ils sont tous pareils.
Nous sommes dans une société robotique, peut-être robotisée, où l’on vit en groupe sans vivre avec personne. Payer les taxes et les impôts ressemble à se faire arnaquer. Non seulement on n’a pas appris que c’est une obligation citoyenne, mais aussi on craint d’enrichir ceux qui, dans les services de l’Etat, sont déjà assez illégalement riches. Après tout, ceux qui ne paient pas sont « moins pires », dirait-on, que ceux qui détournent des millions et trouvent des justifications.
Ces signes qui ne trompent pas
Les dernières violences politiques dans la ville de Kolwezi entre les partisans du PPRD de Kabila et de l’UDPS de Tshisekedi, signent l’urgence de revenir au sens du civisme. Malheureusement, l’incivisme des militants est corollaire de celui de leurs leaders. Ils ne s’attachent guère au pays que par les discours pompeux mais vains.
Il s’en suit que tout le monde s’affiche bon chrétien, avec une bouche pleine de versets bibliques ou du coran, mais des actions médiocres. On injurie, on ment, on accuse injustement, on tue par jalousie, etc. Surtout, beaucoup trahissent par haine. Et en public, chacun se veut bon citoyen. Intolérance, fraude et détournements, manipulation politicienne, destruction des biens publics, corruption… les Congolais ont besoin d’exemples concrets du sens d’appartenance à une nation et de la co-responsabilité.
Cela ne sert à rien de montrer qu’on maîtrise tous les savoirs du monde, si les bases de toute humanité vous manquent. C’est aussi l’avis de David Kitwa Jombo, coordonnateur national de la Ligue pour la promotion de l’éducation civique et morale (Lipec). Il déplore que des « hommes sans morale ni souci de l’Etat dirigent des institutions du pays. Il déplore également qu’il y ait des individus qui mettent mal à l’aise la République comme s’ils valaient beaucoup plus que le pays entier ».
Et de plaider : « Il faut donc un souffle nouveau de civisme dans l’enseignement congolais. » Et David a raison. Je crois fermement que sans un accent sur le civisme, notre pays est sur la voie de devenir une jungle.
Un plaidoyer très incisif mais nécessaire pour une bonne remise en questions de nos valeurs.