La République démocratique du Congo est un pays continent. Mais un pays manquant cruellement de bonnes routes, obligeant ses citoyens à devoir transiter par des routes de pays voisins pour se déplacer à l’intérieur du pays.
L’information a fait scandale au Nord-Kivu : la Société provinciale des transports a décidé d’ouvrir la ligne Goma-Beni au Nord-Kivu, mais en passant par le Rwanda et l’Ouganda. J’en ai parlé dans un autre billet de blog. Goma-Beni vient s’ajouter à d’autres itinéraires où on est obligé de transiter par des pays voisins.
200 km de mauvaise route Goma-Bukavu obligeant de passer par le Rwanda !
Vous allez à Bukavu en provenance de Goma ? Vous avez des marchandises et vous n’avez d’autre choix que de louer un véhicule poids lourds pour les convoyer ? Eh bien, serez la ceinture ! Car, la route est catastrophique. Les travaux d’aménagement financés par la Banque africaine de développement, (BAD), vont prendre du temps et les coûts d’exploitation sont élevés.
A cela s’ajoute l’insécurité due aux groupes armés sur le tronçon ! Ce n’est pas la première fois que des travaux sont effectués sur cet axe. Il n’y a pas longtemps, c’est la Banque mondiale qui finançait les travaux de réhabilitation de cette route. Projet arrêté à cause des accusations de violences sexuelles portées à l’encontre de l’entreprise chinoise chargée des travaux.
Espérons qu’à la fin du projet de la BAD, en 2026, la situation se sera améliorée. Là non plus, ce n’est pas garanti, car le projet de la BAD accuse du retard à cause des lenteurs administratives. Voilà du travail pour les députés nationaux nouvellement élus dans les deux provinces. Faire le suivi de proximité de ce projet intégrateur.
Pour le moment, aller de Goma à Bukavu par route, la meilleure voie n’est pas celle de prendre la route le Nord au Sud-Kivu. Il faut traverser la frontière pour bénéficier du macadam sur les routes rwandaises. Ainsi, faire Goma-Bukavu, en RDC, vous oblige de faire un détour par le Rwanda, prendre la route de Gisenyi pour atteindre Cyangungu avant d’arriver à Bukavu.
Quand la fermeture de la frontière Burundi-Rwanda impacte la RDC
Selon le directeur provincial de l’Office des voiries et drainages au Sud-Kivu, cette province compte plusieurs milliers de kilomètres de voirie. Mais seulement 13% sont en bon état. Ainsi, si vous êtes opérateur économique au Sud-Kivu et que vous avez commandé vos marchandises en Chine, votre conteneur vient par bateau : direction le port de Dar-Es-Salam, en Tanzanie. Et au moment où les marchandises arrivent au port, voilà que le Burundi a fermé sa frontière avec le Rwanda ! Or, pour atteindre Bukavu, vous avez prévu que vos marchandises passent par les routes du Rwanda et du Burundi, qui sont bitumées.
Vous voilà en train d’échafauder un autre plan : faire Dar-Es-Salam, en Tanzanie, jusqu’à Bujumbura. Vous faites les formalités au poste de Kavinvira, pour entrer sur le sol congolais par Uvira au Sud-Kivu. De là, vous devez vous coltiner le tronçon Uvira-Bukavu, où la route n’est pas bonne. C’est la galère pour vous.
Et pour limiter les dégâts, vous voilà en train de chercher comment contourner les escarpements de Ngomo à Walungu, un territoire d’où sont originaires de nombreux acteurs politiques qui occupent de hautes fonctions au niveau national. Ainsi, vous décidez de quitter la RDC par Kamanyola pour profiter de la route asphaltée au Rwanda afin d’atteindre la ville de Bukavu. Un transit que font les Congolais depuis 2006 ! Les travaux en cours, sur le tronçon Uvira-Bukavu, financés par la Banque mondiale, iront-ils jusqu’au bout ?