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Sud-Kivu : Gilbert Wasokye, jeune journaliste engagé pour la cohésion sociale à Fizi

Déstabilisé par des conflits interethniques depuis des années, le territoire de Fizi dans la province du Sud-Kivu, peut compter aujourd’hui sur des jeunes déterminés à consolider la cohabitation pacifique entre les communautés locales. L’un d’eux, Gilbert Wasokye Lubenda, la vingtaine, est un journaliste présentateur des journaux à Radio communautaire Kivu émettant de la ville de Baraka. Dans son travail, il se bat contre les fausses informations, avec l’accompagnement du projet Tunaweza. 

Gilbert Wasokye nous a accordé une interview dans laquelle il parle de l’apport du projet Tunaweza dans son métier de journaliste et dans la lutte contre les conflits intercommunautaires.

Habari RDC : comment faites-vous pour vérifier les informations que vous traitez à votre rédaction ? 

Gilbert Wasokye : en tant que journalistes, nous sommes appelés à donner une vraie information. Pour cela, il nous faut vérifier et traiter toute information que nous collectons. L’objectif est de diffuser des choses exactes. Nous luttons aussi contre les messages de haine et la manipulation. Nous avons plusieurs sources d’information au niveau des villages qui surplombent la ville de Baraka. Nous passons des appels pour vérifier si l’information est vraie ou fausse. 

Comme nous vivons dans une zone qui regorge de nombreux conflits ethniques, nous veillons à ce que ce que nous diffusons ne fasse pas exacerber les conflits qui existent. Nous exhortons les  populations à privilégier le vivre-ensemble. 

Y a-t-il eu diminution de messages de haine et de fausses informations ici à Baraka ou à Fizi en général, grâce au projet Tunaweza ?

Je pense que oui. Les discours violents et la manipulation à travers les fausses informations, ont diminué. Et c’est grâce au projet Tunaweza. Avant, si vous êtes journaliste et que vous diffusez par exemple quelque chose sur la communauté Banyamulenge, vous étiez tout de suite insécurisé. Vous trouvez des messages issus de numéros inconnus qui vous menacent et qui vous promettent la mort. Mais aujourd’hui, moi personnellement je ne reçois plus de tels messages lorsque je parle de la communauté Banyamulenge. 

Les populations sont entrain de comprendre l’importance du vivre-ensemble. Nous devons consolider la paix ensemble avec les Banyamulenge et d’autres communautés locales. 

Donc, selon vous, Tunaweza a contribué à faire baisser les messages de haine et les fausses informations dans les radios et les réseaux sociaux locaux ?

Absolument ! Les messages de haine ont sensiblement baissé dans les réseaux sociaux et même dans les communautés. Auparavant, quelqu’un pouvait s’enfermer dans sa maison et partager une fausse information ou un message haineux pour nuire à une communauté et la pousser à se venger. Mais depuis l’arrivée du projet Tunaweza, la plupart des jeunes ont participé à des formations sur la vérification des informations et la lutte contre les discours de haine. 

Chacun essaie de vérifier toute information afin de ne pas mettre en péril la paix entre les communautés. Je peux dire que Tunaweza a fait un grand travail, malgré le fait que la durée prévue pour ce projet me semble un peu courte. 

Consolider la paix c’est un processus. Il faut des réunions d’échanges ; les jeunes doivent participer ensemble à des activités socio-culturelles, à des travaux communautaires ; les communautés doivent partager les mêmes champs, les mêmes marchés… Cela permet de consolider la paix entre les populations de Baraka, de Bibokoboko et des villages environnants.   

Vous avez participé à la couverture médiatique des activités qui unissaient les jeunes de différentes communautés, qu’avez-vous observé en termes de cohésion apportée par le projet Tunaweza ? 

Sur la cohésion sociale, le projet Tunaweza a joué un grand rôle. Lorsque par exemple, j’invite des jeunes Banyamulenge, Bafuliru ou Babembe pour une émission sur la paix, la seule chose que ces jeunes disent est qu’ils étaient manipulés par leurs parents, des membres de leurs communautés qui sont dans la diaspora, des groupes armés, etc. Maintenant, ils disent non à cette manipulation. 

Personnellement, j’ai eu à couvrir beaucoup d’activités liées au projet Tunaweza à Tujenge, à Bibokoboko et à Baraka. Les jeunes sont prêts pour la paix. Ils attendent seulement l’accompagnement des organisations œuvrant dans la promotion de la paix, mais aussi des bailleurs qui peuvent les accompagner dans l’organisation des réunions d’échanges, des activités socio-culturelles, etc. Bref, les jeunes ont compris que c’est important de protéger la paix. 

Tunaweza est un projet intégrateur qui réunit les gens. Un projet avec plusieurs approches, notamment : lutter contre les messages de haine partagés dans les réseaux sociaux, faire participer les jeunes de toutes les communautés à des activités socio-culturelles, à des réunions d’échanges… Pour moi, voir des hommes et des femmes de différentes communautés se retrouver et se parler, ça fait beaucoup de bien à nos communautés qui vivaient comme chien et chat. 

 

*Cet article est produit dans le cadre du projet Tunaweza financé par PNUD RDC.   

 

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